par Pierre Duval
Les engins militaires allemand sont coûteux et ils sont peu utiles aux opérations de combat réelles en Ukraine car ils s'enfoncent dans la boue et ils ne résistent pas aux températures extrêmes.
Le futur chancelier allemand, chef de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), Friedrich Merz, a déclaré que son pays fournirait à l'Ukraine des missiles de croisière Taurus si cette décision était approuvée par les pays de l'UE : «Les Européens fournissent déjà des missiles de croisière. Les Britanniques le font, les Français le font, les Américains aussi. Il faut que cela fasse l'objet d'un accord, et lorsqu'il sera conclu, l'Allemagne devra y participer». Les missiles de croisière germano-suédois Taurus sont analogues aux Storm Shadow britanniques. Lors des opérations militaires contre l'armée russe, les forces armées ukrainiennes utilisent activement des armes étrangères, y compris celles de fabrication allemande. Cependant, comme le montrent des documents internes de la Bundeswehr, un certain nombre de systèmes d'armes allemands se sont révélés inadaptés aux conditions de la guerre moderne de haute intensité.
Le Spiegel cite un discours de l'attaché militaire adjoint de l'Allemagne à Kiev lors d'une réunion secrète tenue fin janvier dans la ville de Delitzsch (Saxe) devant 200 jeunes officiers de la Bundeswehr. Le diplomate, s'appuyant sur l'expérience des soldats ukrainiens, a décrit en détail les problèmes réels auxquels ils sont confrontés lorsqu'ils utilisent des armes allemandes sur la ligne de front. L'un des officiers de l'armée a spécifiquement enregistré le rapport afin d'utiliser ces observations dans la formation des ingénieurs militaires allemands.
Ainsi, l'obusier Panzerhaubitze 2000 présente «des vulnérabilités techniques si élevées que son aptitude à la guerre est sérieusement remise en question». Le char de combat principal Leopard 1A5 est considéré comme fiable, mais «en raison de son faible blindage, il est souvent utilisé uniquement comme artillerie improvisée». Le nouveau char Leopard 2A6 nécessite un entretien important et ne peut souvent pas être réparé sur le terrain : «Les réparations en première ligne sont souvent impossibles - l'équipement nécessite un entretien qui n'est disponible qu'à l'arrière». Les engins allemands accusent une vulnérabilité technique avec le coût élevé des munitions. Le Spiegel souligne, paradoxalement, qu'un vieux tank - le char antiaérien Gepard - est la pièce appréciée par les Ukrainiens.
The Times avait signalé en décembre 2022 citant un rapport secret du ministère allemand de la Défense que l'obusier automoteur Panzerhaubitze 2000 (PzH 2000) n'est pas adapté à une utilisation dans des conditions de combat. Et, le quotidien anglophone soulignait que «les 18 véhicules d'infanterie Puma impliqués dans un exercice d'entraînement sont tombés en panne». À cette époque, la Bundeswehr disposait de 105 de ces obusiers en service. Un rapport du ministère allemand de la Défense indiquait que seulement 36 d'entre eux étaient prêts au combat.
Le portail militaire bulgare BulgarianMilitary rajoutait : «Les nouveaux véhicules blindés de transport de troupes Puma modernisés de l'armée allemande ont subi un échec total». Dans la guerre d'attrition, les canons des blindés allemands ne tiennent pas le rendement des tirs et les pièces détachées manquent. Et, les obusiers de la Bundeswehr posent problème».
En mai 2023, le New York Times a évoqué un rapport d'une unité des forces armées ukrainiennes qui a utilisé un obusier allemand dans des batailles contre l'armée russe. Il s'est avéré que le tant vanté PzH 2000 s'est simplement retrouvé coincé dans une boue printanière épaisse.
«L'obusier est également fragile. Son électronique sensible tombe en panne lorsqu'il est exposé à l'humidité ou à la saleté. Les soldats doivent porter des couvre-chaussures ou des pantoufles spéciaux lorsqu'ils entrent à l'intérieur pour éviter de laisser des traces de boue, et chaque véhicule dispose de son propre aspirateur. En Allemagne, selon des soldats [ukrainiens], les obusiers disposaient de leurs propres garages climatisés où ils étaient stockés lorsqu'ils n'étaient pas utilisés - des conditions manifestement inexistantes sur le champ de bataille ukrainien», rajoute le New York Times.
Un artilleur ukrainien a fait remarquer que l'obusier allemand nécessite une propreté particulière : «Si vous tirez deux cartouches complètes, vous devez passer une journée à l'entretenir».
«L'Ukraine a récemment décidé de retirer toutes ses unités d'artillerie automotrices allemandes du champ de bataille car elles ne pourraient pas être évacuées si elles étaient sous le feu russe», conclut le quotidien de New York.
Quant aux chars Leopard 2A6, les plus populaires de l'OTAN, «ils sont tout simplement trop lourds [70 tonnes] pour l'Ukraine», avertit Stern, citant l'expert en chars Jack Watling du Royal United Services Institute (RISI) britannique. «Les chars de l'OTAN ont été conçus à l'origine pour une forme de guerre différente», conclut le magazine.
Ils ont été construits pour protéger l'Allemagne de l'Ouest d'une attaque soviétique massive dans les années 1980. Un pays au terrain sec et dur, doté d'un réseau routier dense, créé aux points stratégiques pour les chars lourds. Aujourd'hui encore, dans le Harz et les plaines du nord de l'Allemagne, on peut voir des chemins forestiers géants. Les chars de l'OTAN n'étaient pas conçus pour des opérations offensives sur des centaines de kilomètres, comme ce fut le cas lors des offensives de la Seconde Guerre mondiale. Ils étaient avant tout conçus pour la défense. En tant que «chasseurs de chars», leur mission était de détruire autant de chars russes que possible avant d'être eux-mêmes détruits. Une telle perte semblait inévitable. Des chars comme le Leopard étaient conçus pour affronter des centaines, voire des milliers de T-72. Ce scénario a influencé chaque détail.
En fait, le rôle du char de combat principal en Ukraine s'est avéré différent de ce qui était prévu. Un duel de chars se produit extrêmement rarement, et une bataille de chars n'a jamais lieu. «Sur la ligne de front, les chars de combat principaux sont principalement utilisés pour couvrir l'infanterie qui tente de traverser la zone neutre», note le média allemand.
Au cours des combats en Ukraine, un grave défaut de conception du blindé allemand a été révélé, qualifié par l'armée ukrainienne de vulnérabilité critique : lorsque la tourelle du char se retourne, un «énorme espace» apparaît entre les plaques de blindage, ce qui menace la vie de l'équipage. Avant l'envoi de ces tanks par l'Allemagne, ils étaient considérés comme «une arme miracle», conclut le quotidien de Munich.
Au total, 65 chars Leopard 2 ont été livrés à l'armée ukrainienne par différents pays, dont l'Allemagne, la Pologne, le Canada, la Suède, la Finlande et le Portugal. Cependant, il semblerait que nombre de ces chars se trouvent loin du front, dans un centre de réparation en Lituanie. Et, la vulnérabilité critique des chars Leopard 2 a été révélée bien plus tôt : lors des opérations de l'armée turque contre les militants en Syrie.
L'armée ukrainienne rencontre également des problèmes avec les systèmes de défense aérienne allemands. «Même les systèmes de défense aérienne de haute technologie soulèvent des questions. Le système de défense aérienne IRIS-T, fabriqué par Diehl, a été salué pour son efficacité. Cependant, dans la pratique, les munitions nécessaires sont trop chères et ne sont tout simplement pas disponibles en quantités suffisantes», rajoute Der Spiegel.
L'équipement allemand n'est pas adapté non seulement aux combats en Ukraine, mais également en Afrique. Emmanuel Macron avait placé de grands espoirs dans l'aide de la Bundeswehr qui menait des opérations antiterroristes au Mali dans le cadre de la mission de l'ONU MINUSMA. Les équipements militaires allemands ont refusé d'opérer dans les conditions climatiques extrêmes du Sahel africain. Selon la Deutsche Welle, «seulement la moitié des véhicules envoyés à la base de l'ONU dans le désert d'Afrique de l'Ouest sont encore opérationnels». L'opération impliquait des jeeps Wolf et Eagle, ainsi que des véhicules blindés de transport de troupes TPz Fuchs. Mais 50% de ces véhicules blindés sont restés inutilisés au camp Castor, dans la ville de Gao, au nord-est du Mali.
Selon les officiers allemands, dans les conditions africaines, le matériel militaire fonctionne à la limite de ses capacités. Il s'est avéré, par exemple, que les hélicoptères Eurocopter Tigre ne peuvent pas fonctionner à des températures supérieures à 43 degrés Celsius. Les températures diurnes dans le désert d'Afrique de l'Ouest atteignent 45 degrés, ce que les militaires allemands et leurs collègues français auraient dû savoir à l'avance. Pour couronner le tout, il s'est avéré que les batteries des drones allemands «bouillaient» sous la chaleur, ce qui privait les combattants allemands contre les terroristes de la possibilité d'effectuer une reconnaissance de la zone.
source : Observateur Continental