03/07/2024 euro-synergies.hautetfort.com  5min #251808

 Semaine cruciale en France après l'arrivée en tête de l'extrême droite au premier tour

Le prochain vrai Premier ministre français

par Giuseppe Masala

Source, L'AntiDiplomatico:  lantidiplomatico.it

"L'inexorabilité d'Ananke nous rappelle que rien n'est dû au hasard dans la vie".

Sophocle

Nombreux sont ceux qui espèrent un changement dans l'orientation politique (notamment en matière de politique étrangère) de la France, que ce soit la droite de Bardella ou la gauche de Mélenchon qui l'emporte. Malheureusement, à mon sens, ce ne sont que de bons espoirs, destinés à partir en fumée face à l'inexorable état réel dans lequel se trouve l'économie française.

La situation de la France est d'être en faillite, comme l'atteste la situation financière nette du pays. Dès lors, quiconque se rend à l'Hôtel Matignon doit s'attendre à une petite visite du gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau ("e tutt'cose", diraient les Napolitains avec leur capacité unique à se moquer des puissants) qui dira en substance : "Cher Président, notre situation financière nette s'est dégradée au cours des trois dernières années d'environ 100 milliards d'euros par an, dépassant désormais le chiffre de 900 milliards d'euros d'engagements. Cela signifie que nous sommes complètement dépendants des capitaux étrangers qui affluent dans le système national sous forme de prêts et d'investissements. Pour que la situation ne se précipite pas, il est essentiel que l'euro reste en place et que les Allemands et les Européens du Nord puissent continuer à déverser en France les capitaux excédentaires si nécessaires à notre survie et au maintien de notre niveau de vie. Dans le même temps, il est impératif que les riches émirats pétroliers du Moyen-Orient, à commencer par le Qatar, ne déversent pas leurs capitaux excédentaires hors de l'Occident et donc hors de la France. Enfin, il faut aussi rétablir un contrôle au moins partiel sur la Françafrique pour que le mécanisme du franc CFA continue à financer la France et que les entreprises françaises ne perdent pas ces débouchés indispensables pour ne pas voir la balance commerciale se dégrader...".

Le nouveau chef du gouvernement français convoque alors une foule de diplomates et de généraux et leur explique ce que le gouverneur de la Banque de France lui a expliqué. Les observateurs lui répondront à leur tour que... :

1) Pour faire vivre l'Euro, il faut faire vivre l'UE et l'OTAN. Pour maintenir l'UE et l'OTAN en vie, il faudra gagner la guerre en Ukraine, sinon la désintégration sera inévitable. Cela est également dû aux sanctions dévastatrices qui ont frappé de plein fouet les pays commercialement liés à la Russie, en particulier l'Allemagne, qui a été le pays le plus touché à la fois en termes de coûts énergétiques et de perte de parts de marché, et qui pourrait également subir à l'avenir l'expropriation des énormes investissements allemands en Russie en représailles à la volonté de saisir les investissements russes dans l'UE, sans parler du sabotage du gazoduc germano-russe Nord Stream. Des épisodes qui, en cas de défaite de l'Ukraine (et avec elle de l'OTAN et de l'Occident), pousseront Berlin à couper les ponts et à quitter définitivement l'orbite occidentale (l'AfD propose d'ailleurs déjà ce débouché), marquant à terme la fin de l'UE et de l'euro.

2) Afin de maintenir les investissements des "sultanats pétroliers" du Moyen-Orient en Occident et, par conséquent, en France, il sera nécessaire de bloquer la pénétration chinoise et russe dans la région, qui a déjà atteint des niveaux alarmants avec l'entrée des Émirats arabes unis et de l'Arabie saoudite dans les BRICS. Sans compter qu'au cours des dernières années, des accords ont déjà été signés entre l'Arabie saoudite et la Chine pour payer le pétrole en yuans plutôt qu'en dollars : un véritable coup de grâce pour le pétrodollar et, par conséquent, pour le dollar en tant que monnaie standard pour le commerce international. Pour arrêter cela, il faut par tous les moyens déstabiliser le Moyen-Orient afin de favoriser un changement de régime en Arabie saoudite en destituant le prince régent Mohammad bin Salman et en le remplaçant par un autre, plus fidèle aux États-Unis et à l'Occident. Déstabilisation du Moyen-Orient déjà largement entamée grâce au chien de guerre israélien qui multiplie les provocations en commençant par la cruelle guerre de Gaza, en continuant par le bombardement insensé du consulat iranien à Damas, et en terminant par l'invasion probable du Liban dans un avenir proche. Autant d'actes préjudiciables pour Israël (qui jette les bases d'un nouveau siècle d'hostilité avec les Arabes) mais de la plus haute importance pour Washington, Londres et Paris qui, grâce au chaos généré, comptent bloquer la pénétration russe et chinoise dans la région.

3) Pour maintenir l'hégémonie sur la Françafrique et donc le mécanisme du franc CFA, il faudra déstabiliser les pays rebelles (pro-russes et pro-chinois, comme le Mali, le Burkina Faso, le Niger et l'Algérie) en armant les guérillas et en intervenant si nécessaire directement ou par l'intermédiaire d'Etats encore amis (comme le Maroc et la Tripolitaine, c'est-à-dire la partie de la Libye fidèle à l'Occident).

En un mot, le prochain chef du gouvernement français (quel qu'il soit) devra continuer à faire tout ce que Macron fait actuellement, la seule chose qui peut changer étant la stratégie de communication et quelques mesures cosmétiques en politique intérieure pour satisfaire les électeurs.

La vérité est que la situation matérielle de "pré" faillite (il faut regarder les "comptes nationaux", pas les "comptes d'état", ce sont deux choses différentes...) qui, comme une épée de Damoclès, pèse sur Washington, Paris et Londres, conduit ces trois pays à avoir les mêmes politiques. Il n'y a pas de meilleure alliance de fer que celle dictée par Ananke, la déesse de la nécessité et du destin.

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