27/11/2025 ssofidelis.substack.com  6min #297378

Le naufrage du Patria, un crime de la Haganah

Par  R. Qureshi, le 25 novembre 2025

Le 25 novembre 1940, le paquebot le Patria a sombré dans le port de Haïfa, après qu'un explosif de la Haganah a éventré sa coque, causant la mort de plus de 260 personnes, pour la plupart des réfugiés juifs.

Un projet colonial prêt à jouer avec la vie des Juifs, alors que les Palestiniens ont risqué la leur pour les sauver.

Le Patria était un vieux paquebot français que les Britanniques avaient transformé en navire-prison. Près de 1 900 réfugiés juifs fuyant l'Europe nazie ont été embarqués de force. Des enfants. Des personnes âgées. Des gens déjà brisés par l'exil. Les Britanniques prévoyaient de les déporter vers l'île Maurice. Le navire était surchargé, en mauvais état, ne convenait pas aux conditions d'un tel voyage.

Les dirigeants sionistes se sont opposés au débarquement car il ne répondait pas aux objectifs démographiques du Yishouv. Ils voulaient des colons jeunes, valides et aptes au service militaire. Les réfugiés du Patria ne correspondaient pas à ce profil. La Haganah a décidé de saboter le navire pour empêcher le débarquement. L'organisation a placé une charge explosive à bord. L'explosion a crevé la coque et le navire a coulé en seize minutes, entraînant par le fond des centaines de réfugiés avant que les canots de sauvetage aient pu les secourir. Une enquête britannique a par la suite confirmé que la bombe avait bien été placée par la Haganah.

Les premiers à tenter de sauver les réfugiés de la noyade furent les Palestiniens. L'explosion s'est produite non loin du rivage, et des témoins ont entendu la coque se fendre et vu le navire chavirer presque instantanément. Les pêcheurs palestiniens ont mis le cap sur l'épave avant même que les Britanniques ne réagissent. Ils ont sorti les survivants de l'eau par leurs propres moyens. Ils ont hissé des malheureux à moitié inconscients à bord de leurs embarcations et, sans perdre un instant, sont repartis porter secours aux autres naufragés. Les registres de sauvetage du mandat britannique indiquent que les bateaux palestiniens ont effectué de nombreux allers-retours entre l'épave et le rivage.

À terre, les dockers palestiniens ont transporté les survivants là où ils pouvaient leur prodiguer des soins. Ils leur ont donné des couvertures, de l'eau, bref tout ce dont ils disposaient. Les troupes britanniques ont finalement pris le relais, mais les minutes décisives qui ont permis de sauver des vies ont été exclusivement le fait de civils palestiniens agissant spontanément et par humanité.

L'ultime cruauté est venue de la bureaucratie, les survivants du Patria n'étant autorisés à rester en Palestine que parce que leur navire avait coulé.

Les preuves sont accablantes. Une milice sioniste a délibérément provoqué l'explosion. Des civils palestiniens ont repêché les survivants. Ce n'était pas un accident. Cette histoire ne fait que confirmer la longue tradition d'un projet colonial mettant en danger ceux qu'il prétendait protéger, tandis que les colonisés ont fait preuve d'une humanité étrangère au projet.

La version Wikipédia de la catastrophe du Patria

La page Wikipédia consacrée au Patria illustre bien la stratégie des éditeurs sionistes pour réécrire l'histoire, jusqu'à ce que la culpabilité s'estompe, que le rôle des Palestiniens soit occulté et que la violence elle-même soit présentée comme un simple accident.

Tout d'abord, le langage. Les Palestiniens ne sont plus que des "bateaux arabes", une catégorie raciale vague permettant d'occulter leur identité et leurs actes. Ils font partie du décor. La Haganah, la milice qui a posé la bombe, se voit attribuer des noms, des grades, des récits, des paragraphes entiers. L'identité des coupables est mise en avant. Les sauveteurs, eux, tombent dans l'oubli.

Wikipédia se base d'ailleurs presque exclusivement sur des sources sionistes. Elle répète l'affirmation de la Haganah selon laquelle celle-ci aurait "mal évalué" l'explosion, comme s'il était question d'un constat neutre. Elle reprend également leur tentative ultérieure de rejeter la responsabilité du naufrage sur le "mauvais état" du Patria, argument directement emprunté à une enquête interne de la Haganah cherchant à minimiser leur responsabilité. Ce récit ne poursuit qu'un seul but : minimiser un attentat à la bombe délibéré en le présentant comme un accident technique.

L'enquête britannique de l'époque a pourtant confirmé la thèse inverse. Le navire a coulé parce qu'une bombe de la Haganah a perforé sa coque. Wikipédia ignore cette conclusion de l'époque et privilégie plutôt les récits sionistes ultérieurs.

La structure de l'article est révélatrice. Il consacre de longs paragraphes à la politique d'émigration nazie, aux débats de l'Agence juive et aux querelles internes sionistes. Il ne comporte qu'une très vague allusion aux Palestiniens. C'est de l'idéologie déguisée en prétendue impartialité. L'article mentionne tout, sauf l'identité de ceux qui ont réellement sauvé des vies.

Notez l'emploi des verbes. Les réfugiés "seront secourus par des bateaux britanniques et arabes". Une forme passive qui suggère une distance. Un effacement. "Une bombe est placée par la Haganah", qui cherche à "empêcher le navire de quitter le port" et "explose trop tôt et trop fort". Voix active pour la Haganah. Voix passive pour ceux qui ont sorti les corps de l'eau. C'est la voix coloniale. Le colonisateur agit. Les colonisés sont relégués à l'arrière-plan.

Wikipedia ne mentionne pas non plus que les pêcheurs palestiniens ont été les premiers à atteindre le navire. La contribution des dockers palestiniens qui ont pris soin des survivants en leur donnant de l'eau et en les recouvrant de couvertures pendant ces minutes cruciales n'est pas mentionnée.

La violence britannique est également édulcorée. Les réfugiés ont été emprisonnés, contraints de monter à bord d'un navire et voués à être déportés à Maurice et à Trinidad. Wikipédia présente ces événements comme une simple procédure administrative, alors qu'il s'agissait d'une répression impériale. Les survivants du naufrage ont été internés par les Anglais dans le camp d'Atlit, près de Haïfa.

Enfin, la part la plus accablante de l'histoire n'est pas mentionnée. Les survivants du Patria n'ont été autorisés à rester en Palestine que parce que leur navire a coulé. Wikipédia passe cette information sous silence, car elle révèle à la fois la cruauté britannique et la stratégie sioniste.

C'est ainsi que le récit colonial se protège. Il efface et transforme discrètement le sauvetage palestinien en une vulgaire note de bas de page.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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