08/12/2025 ssofidelis.substack.com  13min #298401

Le festival des clowns

Par Gordon Dimmack, le 21 novembre 2025

J'ai récemment lu dans le New York Times un article qualifiant Jeffrey Epstein de "financier en disgrâce".

Sans doute une manière comme une autre de le décrire, après tout. C'est un peu comme appeler Jimmy Savile "ex-chevalier" ou décrire Gengis Khan comme étant "légèrement bagarreur".

Ce n'est pas techniquement incorrect, mais tellement éloigné de la vérité que c'en est un mensonge.

Et c'est bien le problème, n'est-ce pas ? Lorsque la vérité ressemble à un gros cohon bien laid, à un pédophile condamné qui fait chanter des milliardaires, des politiciens, des agences de renseignement étrangères et des membres de la royauté, le premier réflexe des médias traditionnels est de dégainer le rouge à lèvres.

L'acharnement des pouvoirs en place pour dissimuler la vérité criante et sordide sur Jeffrey Epstein et ses "amis" sont de plus en plus burlesques. Et franchement, je me suis surpris à en rire.

"Pam Bondi est en possession des dossiers Epstein. Les dossiers sont sur son bureau. Ah non, pardon, il n'y a pas de dossiers. Mince, il s'est suicidé sans raison, juste avant que l'absence totale de preuves ne l'innocente comme par magie. Deux vidéos de sa cellule ? Oui, mais il manque une minute entière. On dirait un PowerPoint réalisé par un stagiaire complètement bourré. Mais maintenant, vous nous croyez, n'est-ce pas ?"

J'ai vu des enfants de quatre ans mentir de manière plus convaincante.

Plus de 1 000 femmes se sont manifestées en affirmant avoir été victimes de Jeffrey Epstein. Des femmes violées, contraintes d'avoir des relations sexuelles avec lui ou ses amis, livrées aux réseaux de traite d'êtres humains ou vendues à d'autres violeurs. Plus d'un millier de femmes qui, au moment des faits, étaient encore au lycée.

Epsteins and Everyone else’s victims
About 1000 of them…

On s'attendrait à ce que les médias relaient leurs histoires, non ? On se dit qu'ils sont sans doute impatients de savoir qui, à part Randy Andy [le prince Andrew], est accusé et de quels crimes. Eh bien, non.

À l'exception du témoignage de Virginia Giuffre, les médias mainstream occidentaux ont quasiment ignoré leurs histoires. Ce qui soulève une question évidente :

Pourquoi ?

Ces femmes ont témoigné avoir été :

  • menacées de poursuites judiciaires lourdes,
  • suivies par des voitures banalisées, y compris en emmenant leurs enfants à l'école
  • averties des "graves conséquences" en cas de divulgation -.
  • et dans certains cas, on leur a même signifié froidement qu'elles étaient en danger de mort.
  • Posez-vous donc la bonne question :

Si le réseau d'Epstein a pu abuser de jeunes femmes vulnérables, comment pensez-vous qu'il menaçait les médias ?

Car ce silence n'est pas fortuit. Un silence aussi persistant et absolu ne peut s'expliquer que par la menace. Les pressions. Le pouvoir. La peur.

Cette affaire révèle l'ampleur réelle de la corruption à tous les niveaux.

Jeffrey Epstein ne s'est pas suicidé. Nous le savons tous. Même les chaînes d'information qui ont longtemps propagé cette version ont fini par mettre un terme à cette mascarade et se contentent désormais d'affirmer qu'il est "mort" en prison.

Voici toutefois ce que les médias n'admettront jamais.

Epstein n'a pas mis ce chantage au point tout seul.

Personne ne monte seul une opération de chantage de deux décennies avec îles privées, sociétés écrans, caméras cachées, fonds illimités, protection politique, affaires juteuses et relations influentes.

On ne laisse pas un homme comme Epstein sans surveillance. On lui a donné les moyens d'agir. On l'a protégé. On l'a exploité.

Et quand l'opération a commencé à sentir mauvais ?

On l'a éliminé.

Si vous avez compris ça, vous saisirez mieux les derniers développements à Washington.

Il y a environ dix jours, la Commission de surveillance de la Chambre des représentants a publié plus de 20 000 documents provenant des archives de Jeffrey Epstein : e-mails, registres immobiliers, correspondance, photos, etc. Certains confirment des informations que nous connaissions déjà, d'autres sont totalement inconnus du public. Tous ont été publiés au compte-gouttes.

Et voici le véritable rebondissement :

Ces 20 000 pages représentent moins de 1 % des archives détenues par le FBI et le gouvernement fédéral.

Ce n'est qu'un en-cas, rien de substantiel. Loin s'en faut.

Les médias se sont presque exclusivement concentrés sur les occurrences où le nom de Donald Trump apparaît dans les documents et les e-mails, et elles sont nombreuses : plus d'un millier selon certaines sources. Ce chiffre peut sembler énorme, mais on oublie souvent que la plupart de ces échanges de courriels ont été écrits sous la présidence de Trump, alors que son nom faisait déjà les gros titres.

Je suis presque certain d'avoir moi-même beaucoup parlé de Trump dans mes e-mails à cette époque, donc le nombre de fois où son nom est mentionné ne prouve rien en soi.

En revanche, quand Epstein a déclaré dans un e-mail que "Trump sait pour les filles", les médias en ont fait leurs choux gras. Idem pour la phrase indiquant que Trump aurait passé des heures seul avec l'une des victimes.

Et c'est à peu près tout ce dont les médias ont parlé.

Mais ils devraient faire mieux. S'ils faisaient réellement leur boulot de journalistes.

Car les documents eux-mêmes, tout comme les informations dont nous disposons déjà, contiennent des révélations bien plus explosives :

  • L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a séjourné chez Epstein.
  • Les visites de personnalités proches du Mossad et d'autres services du renseignement.
  • les références à la scène politique britannique.
  • les e-mails avec Bill Gates, Larry Summers, des milliardaires, des donateurs du secteur technologique et des professeurs du MIT.
  • Un réseau de pouvoir si étendu qu'il faudrait un mur entier pour le représenter

Et tous ces e-mails datent de 2011 à 2019 - Chacun d'entre eux a été envoyé après la condamnation d'Epstein pour proxénétisme sur mineure de 15 ans.

Mais que rapportent les médias ?

"Trump savait pour les filles".

Quelles filles, chers médias ? Vous voulez parler des plus de 1 000 filles que vous refusez d'interviewer, d'interroger, d'écouter et de laisser s'exprimer ?

Et vous, Donald Trump, vous ne poursuivez personne en justice pour cause de diffamation ? Vous ne poursuivez pas la BBC pour 5 milliards de dollars pour sa vidéo sur vous ? N'avez-vous pas déjà poursuivi un comédien en justice parce qu'il a osé suggérer que votre mère avait couché avec un orang-outan ?

Et là, rien ? Vous ne poursuivrez vraiment personne pour ces propos ?

Crise à Washington

Alors que les médias ignorent les victimes, ce n'est heureusement pas le cas pour une poignée de politiciens à Washington.

Avec la fin de l'arrêt des activités gouvernementales - qui a coïncidé opportunément avec la divulgation des e-mails d'Epstein -, la démocrate Adelita Grijalva a enfin pu prêter serment au Congrès.

Adelita Grijalva a remporté une élection particulière pour remplacer son père, Raúl Grijalva, parti à la retraite pour raisons de santé en début d'année, mais sa prestation de serment a été retardée de plusieurs semaines en raison de cette paralysie gouvernementale temporaire - la pétition Epstein restant donc bloquée tout ce temps, à une signature près.

Car comme je l'ai signalé il y a quelques mois, ce fut un moment clé. Adelita Grijalva a publiquement promis qu'une fois en fonction, elle signerait la pétition de Thomas Massie et Ro Khanna exigeant la divulgation intégrale des dossiers Epstein - sans censure, ni modification, ni quelque esquive que ce soit.

Et cette signature compte.

Car à l'époque, la pétition comptait 217 signatures. Il en fallait 218. Une de plus. Juste une.

Celle d'Adelita Grijalva.

Le gouvernement a marqué une pause, avec une série de prolongations, mais dès qu'elle a pu prêter serment, la semaine dernière, tout s'est emballé à Washington.

Trump panique

Donald Trump - l'homme qui a fait campagne sur une divulgation des dossiers Epstein en toute transparence - a appelé les Républicains à retirer leur soutien à la pétition de Massie.

Pourquoi donc ?

Problème : Une fois qu'une pétition de destitution a recueilli 218 signatures, les signataires ne peuvent plus se rétracter. C'est irréversible. Gravé dans le marbre. Le vote aura lieu.

Mais Trump a quand même tenté le coup.

Il a fait pression sur ses fidèles, comme Lauren Boebert et Marjorie Taylor Greene, les incitant à retourner leur veste, prétendre qu'elles auraient changé d'avis, bref, il a tout tenté pour faire traîner les choses.

Le pire était à venir.

Marjorie Taylor-Greene se retourne contre Trump

Marjorie Taylor Greene, que j'admire entre autres pour avoir répondu "Allez vous faire foutre" à la BBC, est passée à l'offensive, et n'a pas calé.

Elle a pris la parole devant le Capitole, aux côtés des victimes d'Epstein, a mené une campagne médiatique intensive en leur nom et fait figure d'épine dans le pied de Trump, exigeant transparence et responsabilité.

En réponse, le président a publiquement désavoué la reine du MAGA, la qualifiant de "traîtresse" dans une série de messages cinglants sur Truth Social.

MTG a toutefois répondu à sa manière :

en passant à l'offensive.

🚨HOLY COW: Marjorie Taylor Greene suggests Donald Trump is the traitor:
"I was called a traitor by a man that I fought for 6 years.
I gave him my loyalty for free...
Let me tell you what a traitor is.
It's an American who serves
foreign countries and THEMSELVES."
BOOOM!💥

Elle a raison, vous savez.

Après tout, c'est exactement ça, être un traître.

Ceci mérited'être précisé - pour tous ceux qui ignorent encore le véritable fonctionnement de Washington :

Marjorie Taylor Greene et Thomas Massie comptent parmi les rares Républicains de la Chambre des représentants à ne pas accepter l'argent du lobby israélien, l'AIPAC.

Sur plus de 200 républicains, ils sont quasiment les seuls.

Vous vous rendez compte ?

Quoi qu'il en soit, les tentatives de Trump pour bloquer la pétition ont été vaines, et il le savait pertinemment.

Il a donc changé de ton, freiné des quatre fers et viré de bord du jour au lendemain, pour finalement soutenir publiquement le vote des Républicains en faveur de la pétition de destitution.

Elle a été adoptée à la quasi-unanimité.

Le président Mike Johnson met les pieds dans le plat

Le jour du vote sur la pétition, le président Mike Johnson est monté à la tribune, prononçant alors ce qui restera comme la déclaration la plus révélatrice de toute cette saga.

Selon Mike Johnson, la divulgation des dossiers Epstein pourrait avoir

"des répercussions sur la sécurité nationale"

et pourrait exposer

"les méthodes des agences du renseignement".
Speaker Mike Johnson claims the Epstein files can’t be released unredacted because they contain intelligence-agency material that falls under national security.
He says it’s dangerous to force the DOJ to declassify documents they didn’t create, especially when they involve other…

Stop. Relisez cet extrait.

On ne parlait pourtant que d'un "financier en disgrâce", n'est-ce pas, le New York Times ?

Alors en quoi la divulgation de ces dossiers exposerait-elle les méthodes des agences du renseignement ?

En quoi sa correspondance, ses fréquentations, ses e-mails, ses photos ou sa succession mettraient-ils la sécurité nationale en danger ?

Depuis quand un délinquant sexuel riche et supposé indépendant a-t-il besoin de la protection des services du renseignement américains ?

À moins que...

Le "financier" ne soit peut-être pas qu'un "financier".

Pam Bondi, vous avez de la merde dans les yeux

Et en attendant, Trump, confronté à la forte grogne de sa base MAGA, confie à sa procureure générale, Pam Bondi, le soin d'enquêter sur les transactions et le cercle bancaire d'Epstein.

C'est crucial, vous allez voir.

Trump confie à Bondi une enquête, ET son champ d'application.

Sinon que l'enquête confiée à Bondi concerne les activités financières et bancaires d'Epstein.

C'est tout. Rien d'autre. Voilà toute l'étendue du champ "d'application" de son enquête.

Pas les victimes. Pas les coupables. Pas le chantage. Ni les liens avec les services du renseignement. Pas les clients. Juste les finances.

I have information that the information Pam Bondi got before this information briefing was information that was insufficient information.
INFORMATION!!! 🤣🤣💀

Une fois qu'on a assimilé ce que Trump et Pam Bondi font de cette "enquête financière sur Epstein", et pourquoi Pam Bondi a bégayé en répondant aux questions sur l'affaire dans la vidéo ci-dessus, on a capté l'opération de diversion. Car c'est bien une opération de diversion.

Même pas originale, d'ailleurs.

Washington applique exactement la même stratégie depuis des lustres. L'équivalent, en politique, de gesticuler et de crier : "Regardez ! J'enquête !" tout en écartant discrètement les investigations pertinentes.

Lorsqu'un scandale devient trop criant pour être ignoré, l'establishment n'expose pas la vérité, il la dissimule.

Il lance une enquête à portée limitée qui évite intentionnellement la part explosive de l'histoire.

Pas le crime. Pas le complot. Pas la corruption systémique. Juste ce qu'il peut contrôler.

Dans le cas d'Epstein, Trump demande à Pam Bondi d'enquêter sur :

  • Les finances d'Epstein
  • Les relations bancaires d'Epstein

Et c'est tout.

Voilà la manœuvre que Mueller et Durham ont peaufinée pendant le Russiagate.

Mueller a été chargé d'enquêter sur l'ingérence russe et les fautes professionnelles du FBI. Mais chaque fois que le Congrès a cherché à l'interroger sur le rôle du FBI, il a répondu :

"Je ne peux pas commenter, l'enquête est en cours".

Puis, Durham a été recruté pour enquêter sur le FBI. Et lorsqu'il a été interrogé, il a répondu en boucle :

"Cette question ne relève pas de mon enquête". "Le témoin clé n'est pas joignable".

Deux enquêtes qui ne mènent nulle part, chacune bloquant l'autre - éludant toutes deux commodément l'essentiel.

Pam Bondi n'est pas tombée du ciel. Elle a un passif.

En 2013, la fondation Donald J. Trump lui a généreusement fait don de 25 000 dollars. Quelques jours plus tard, elle a opportunément renoncé à poursuivre Trump University, alors que l'établissement faisait l'objet d'une enquête par plusieurs États.

Elle a accepté le don. Elle a abandonné l'affaire. Et s'est vue récompensée d'une carrière politique dans "l'univers Trump".

Et maintenant, elle enquête sur Epstein.

Comme vous le savez, Pam, vous avez de la merde dans les yeux.

La preuve irréfutable

Lorsque ces enquêtes aboutiront - si elles aboutissent un jour -, la donne politique aura changé. L'indignation sera retombée. Le public sera passé à autre chose.

Et voici ce qu'ils aimeraient que vous ne voyiez jamais :

Cette faille cachée dans le texte.

La petite clause... L'issue de secours. La parade de "l'enquête en cours". La petite ligne permettant de bloquer ou de censurer à peu près tout, le temps qu'ils voudront, sans qu'on sache jamais pourquoi.

Si vous truandez une fois, vous vous en tirerez peut-être. Mais si vous récidivez ?

Autant l'annoncer à la presse.

Le carnaval de fin d'empire

Une fois la poussière retombée - avec les fausses captures d'écran, les querelles partisanes, la débâcle de MAGA et les sarcasmes de la chaîne MSNBC -, il ne reste que la vérité crue.

Jeffrey Epstein n'était pas :

  • un "financier en disgrâce"
  • un pervers solitaire ou
  • une aberration marginale.

Il incarnait un système.

Un rouage d'un système fondé sur :

  • le chantage
  • le renseignement
  • la pression financière,
  • les agences du renseignement en mission "occulte"
  • et des médias qui savent exactement jusqu'où ils peuvent aller - surtout pas au-delà.

Voilà pourquoi on ignore les victimes. Voilà pourquoi on expurge les dossiers. Voilà pourquoi le président de la Chambre des représentants brandit subitement les "implications pour la sécurité nationale" et les "méthodes du renseignement" d'un prétendu businessman. Voilà pourquoi Trump cherche à l'enterrer via une "enquête" de Pam Bondi. Voilà pourquoi la presse ne se focalise que sur ce point :

"Trump savait pour les filles".

Car l'essentiel n'est pas de savoir si Donald Trump est personnellement coupable d'un acte X, Y ou Z.

Cette affaire n'est pas qu'un "problème Trump". Epstein a prospéré sous les administrations Clinton, Bush, Obama et Trump. Quatre administrations, deux Démocrates, deux Républicains. La dynamique est la même, peu importe qui occupe le trône.

La vraie question est de savoir si tous les puissants savaient pour les filles - ou s'ils en savaient juste assez pour fermer les yeux. Et ils ont tous persévéré.

Epstein ne s'est pas suicidé. Il n'a pas agi seul. Et personne ne l'a protégé.

Une opération orchestrée non pas par un homme, mais par des gouvernements, des services du renseignement, des milliardaires, des banques et des médias qui, aujourd'hui encore, prétendent qu'il ne s'agit que de la mort d'un homme et de l'élection d'un type à la peau orange.

Mais pas seul.

Ce système préfère les diversions publiques - procès en destitution, Russiagate, scandales Epstein, Trump contre MTG, Républicains à couteaux tirés - tout plutôt qu'exposer la véritable nature du pouvoir.

Quand l'empire s'effondre, le roi n'est pas seul à chuter. C'est tout le cirque qui chute avec lui.

"They say when the Empire falls, they send not a king, but a carnival."
🔥

Et le grand final, le voilà.

Reste à savoir si nous allons continuer à regarder les clowns... Ou s'il est temps de mettre le feu au chapiteau.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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