17/04/2025 lesakerfrancophone.fr  11min #275173

Le développement des unités ukrainiennes Azov suit la voie de la Waffen-Ss

🇬🇧

Par  Moon of Alabama - Le 16 avril 2025

La montée du nazisme en Allemagne s'est accompagnée de celle de ses militants armés. Ceux-ci étaient utilisés pour combattre les partis politiques et les milices qui s'y opposaient. Ils étaient impitoyables.

Ces unités seront plus tard connues  sous le nom de Waffen-SS :

À sa sortie de prison, Hitler a décidé qu'il avait besoin d'un groupe paramilitaire pour le protéger personnellement. Ce groupe devait être d'une fidélité et d'une loyauté sans faille envers lui seul, notamment pour le protéger d'éventuelles intrigues des SA. Hitler a donc créé une garde personnelle dans sa ville natale de München (Munich). Au départ, ce groupe ne comptait que dix hommes et un officier. Il fut d'abord appelé « Stoßtruppe Hitler » (troupes de choc d'Hitler). Là encore, ce titre s'inspire des groupes d'assaut divisionnaires de la Première Guerre mondiale. Plus tard, il fut rebaptisé « Schutz Staffel » (SS ou escouade de protection).

...

En 1932, la SS comptait quelque 30 000 hommes,...

...

En mars 1935, Hitler renonce au traité de Versailles et annonce l'expansion de l'armée allemande et la formation des SS Verfügungstruppen (SS VT ou troupes spéciales SS) en tant que noyau d'une division militaire à part entière. Cette unité est financée par le budget de la police afin de dissiper les craintes de l'armée.

Après le début de la guerre, le « mal en arme »  s'est encore développé :

En 1939, quatre régiments (Standarten) avaient été organisés.

...

Au cours de l'hiver et du printemps suivants, les régiments qui avaient combattu en Pologne ont été transformés en brigades, puis en divisions.... Ces trois divisions constitueront le noyau de la Waffen-SS au cours de sa rapide expansion ultérieure.

...

À la fin de l'année 1940, la Waffen-SS comptait un peu plus de 150 000 hommes. En juin 1944, elle en comptait 594 000. Conçue comme une force d'élite, la Waffen-SS a évolué, en raison des exigences de la guerre, du concept original de la SS, à savoir une organisation militaire imprégnée de l'idéologie nazie et de la loyauté envers Hitler, vers une force polyglotte dont l'efficacité au combat a baissé.

La Waffen-SS ne faisait pas partie de l'armée régulière. Elle disposait de ses propres ressources financières. Elle recrutait et formait ses propres officiers par l'intermédiaire des organisations de jeunesse nazies. Il s'agissait de « vrais croyants ».

Il existe de nombreux parallèles entre la montée en puissance de la Waffen-SS et la formation nazie ukrainienne connue sous le nom d'Azov.

Azov a commencé comme un gang de hooligans violents à Kharkov. Il mélange les mythes nordiques et l'idéologie nazie. Il a trouvé de riches oligarques comme sponsors et leur a fourni en échange les muscles nécessaires pour résoudre les « conflits d'affaires ». Il dispose de  sa propre organisation de jeunesse et de son  propre réseau international.

Dès 2014, après que les États-Unis ont fomenté un coup d'État contre le gouvernement élu de l'Ukraine, les antécédents fascistes du gouvernement nouvellement mis en place sont apparus au grand jour. Le Premier ministre Iatseniouk, choisi par Victoria Nuland du Département d'État,  a désigné les russophones de l'est de l'Ukraine qui s'opposaient à lui comme des « sous-hommes », c'est-à-dire des «  Untermenschen » dans le langage nazi.

En décembre 2014, la BBC (!) elle-même a mis en garde  contre la menace nazie croissante en Ukraine :

Les ultra-nationalistes se sont révélés être des combattants efficaces et dévoués dans la guerre brutale menée à l'est du pays contre les séparatistes soutenus par la Russie et les forces russes, dont le nombre comprend également un important contingent de l'extrême droite russe.

En conséquence, ils ont atteint un certain niveau d'acceptation, même si la plupart des Ukrainiens ne connaissent pas leurs croyances réelles.

Le bataillon volontaire Azov en est un bon exemple.

Dirigé par l'organisation extrémiste Patriot of Ukraine, qui considère les Juifs et les autres minorités comme des « sous-hommes », et appelle à une croisade blanche et chrétienne contre eux, il arbore trois symboles nazis visibles sur son insigne : un crochet de loup modifié, un soleil noir (ou « Hakensonne ») et le titre « Black Corps », qui était utilisé par les Waffen SS.

Azov n'est qu'un des quelque 50 groupes de volontaires qui combattent dans l'est, dont la grande majorité n'est pas extrémiste, mais semblent bénéficier d'un soutien particulier de la part de certains hauts fonctionnaires :

Le ministre de l'intérieur, Arsen Avakov, et son adjoint, Anton Gerashchenko, ont activement soutenu la candidature au parlement d'Andriy Biletsky, le commandant d'Azov et des Patriotes d'Ukraine

Vadim Troyan, un autre haut fonctionnaire d'Azov et membre de Patriot of Ukraine, a récemment été nommé chef de la police de la région de Kiev.

Korotkykh est également un membre d'Azov.

Les médias ukrainiens sont restés remarquablement silencieux sur ce sujet.

...

Bien que l'Ukraine ne soit absolument pas dirigée par des fascistes, les extrémistes de droite semblent faire des incursions par d'autres moyens, comme dans les services de police du pays.

Le public ukrainien est largement sous-informé à ce sujet. La question est de savoir pourquoi personne ne veut l'en informer.

Un an après le coup d'État de 2014, la CIA a secrètement commencé  à former des groupes paramilitaires ukrainiens en vue d'une insurrection contre une éventuelle invasion russe :

La CIA supervise un programme secret de formation intensive aux États-Unis pour les forces d'opérations spéciales ukrainiennes d'élite et d'autres personnels du renseignement, selon cinq anciens responsables du renseignement et de la sécurité nationale familiers avec l'initiative. Le programme, qui a débuté en 2015, est basé dans une installation non divulguée dans le sud des États-Unis, selon certains de ces responsables.

Les stagiaires comprenaient  des unités d'Azov :

Bien qu'elle  reconnaisse parfois ouvertement son nazisme - son ancien commandant a  déclaré un jour que la « mission historique » de l'Ukraine était de « mener les races blanches du monde dans une ultime croisade pour leur survie » dans « une croisade contre les Untermenschen dirigés par les Sémites » - Azov a été incorporée dans la Garde nationale du pays en 2014, en raison de son efficacité dans la lutte contre les séparatistes russes. Des armes américaines ont été  livrées à la milice, des représentants  de l'OTAN et de  l'armée américaine ont été  photographiés en train de les rencontrer, et des membres de la milice  ont parlé de leur travail avec des formateurs américains et de l'absence de contrôle des antécédents pour éliminer les suprémacistes blancs.

Dans ces conditions, il serait plutôt surprenant que les néonazis d'Azov n'aient pas été formés dans le cadre du programme clandestin de la CIA « make-an-insurgency ». Et nous voyons déjà les premiers signes d'un retour de bâton.

En 2022, trois jours après le lancement de l'opération militaire russe en Ukraine, j'ai averti que ces unités  viendraient hanter l'Occident :

Le soutien de la CIA aux nazis ukrainiens ne date pas d'hier.

 Op-Ed - LA Times

Une nouvelle insurrection nazie en Europe de l'Est est une très mauvaise idée. Des groupes fascistes de partout s'y joindraient. Dans quelques années, cela pourrait bien conduire à la terreur nazie dans de nombreux pays européens. N'avons-nous vraiment rien appris de la guerre en Syrie et de la campagne d'ISIS ?

Pendant ce temps, les médias « occidentaux » qui avaient précédemment condamné les unités nazies en Ukraine  ont commencé à les blanchir :

Depuis peu de temps, le New York Times, comme de nombreux autres médias « occidentaux », a changé de langage lorsqu'il parle du bataillon fasciste ukrainien Azov.

Ce qui était autrefois désigné comme « une organisation paramilitaire néonazie ukrainienne », dont même le FBI a dit qu'elle était notoirement associée à l'idéologie néonazie, a d'abord été qualifié d'« extrême droite » avant de devenir une « unité normale de l'armée ukrainienne ».

 Tout en faisant la propagande des unités nazies, les médias ont omis de souligner les dangers de leur croissance :

Pendant la guerre, Azov s'est développé grâce au recrutement actif du « Bataillon Azov, une organisation paramilitaire néo-nazie ukrainienne » pour devenir le Régiment Azov et, après avoir perdu à Marioupol, une unité de la taille d'une brigade.

Depuis, comme les Waffen-SS auparavant,  il n'a cessé de croître et a atteint la taille d'un corps d'armée :

La toute première formation de corps d'armée au sein de la Garde nationale est désormais une réalité. Le 15 avril 2025, la brigade Azov, ainsi que plusieurs autres unités de la Garde nationale, ont officiellement annoncé la création du nouveau 1er corps « Azov » de la Garde nationale ukrainienne, marquant ainsi la création du premier corps opérationnel de la Garde.

La formation d'un corps basé sur la 12e brigade spécialisée « Azov » était attendue depuis de nombreux mois.

La 12e brigade, devenue le 1er corps Azov, est la principale unité fasciste de la garde nationale. Elle a eu les ressources et le temps de célébrer son nouveau statut avec 𝕏 une vidéo de propagande de 3 minutes 48.

Une autre unité Azov, la 3e brigade, fait partie de l'armée ukrainienne régulière. Elle est également désignée  pour devenir un corps d'armée :

Selon Yuriy Butusov, la 3e brigade d'assaut sera restructurée en 3e corps d'armée. La nouvelle formation sera dirigée par Andriy Biletsky, le fondateur de la brigade et du mouvement Azov.

Dans les formations de l'OTAN, un corps d'armée compte entre 20 000 et 45 000 soldats. Bien que les corps nouvellement formés en Ukraine soient plus petits, leur désignation en tant que corps d'armée laisse présager une croissance future.

Les deux corps Azov constituent déjà 𝕏 la plus grande formation armée néonazie au monde. Ils continuent de se développer grâce à leurs propres structures de recrutement et organisations de jeunesse, ainsi qu'en absorbant d'autres unités « nationalistes ».

Ces forces vont devenir un grave danger pour l'Europe :

Thomas Fazi @battleforeurope - 𝕏 9

Une armée fortement nazifiée à la frontière de l'UE qui se retournera contre les pays européens pour les avoir « poignardés dans le dos » dès la fin de la guerre. L'Ukraine est la véritable menace pour la sécurité de l'Europe, pas la Russie.

 La tentative d'assassinat de Donald Trump, alors candidat à la présidence, a donné un premier aperçu du contrecoup du soutien occidental aux nazis en Ukraine :

Hier, un fervent partisan américain des fascistes en Ukraine a tenté d'assassiner le candidat républicain à la présidence Donald Trump :

Jack Poso 🇺🇸 @JackPosobiec - 𝕏 1835493731639636383

EXCLUSIF : Ryan Routh, qui a tenté d'assassiner Trump, est apparu dans une vidéo de propagande pour le BATAILLON AZOV en mai 2022.

Vidéo intégrée

Routh, lui-même trop âgé pour combattre, avait essayé d'engager des mercenaires étrangers pour se battre du côté fasciste en Ukraine. Il a évidemment ciblé Trump parce qu'il avait promis la fin de la guerre en Ukraine.

Comme je préviens depuis des années :

De nombreux autres incidents de ce type, principalement en Europe, sont susceptibles de suivre.

Moon of Alabama

Traduit par Wayan, relu par Hervé, pour le Saker Francophone.

 lesakerfrancophone.fr