Source: AFP
Recep Tayyip Erdogan devant l'Anitkabir, le mausolée d'Atatürk, le 29 octobre.
«Notre République est en sécurité et entre de bonnes mains, comme elle ne l'a jamais été. Repose en paix», a affirmé le 29 octobre le président turc Recep Tayyip Erdogan en s'adressant au fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal Ataturk, lorsqu'il s'est rendu à son mausolée à Ankara, marquant ainsi le début des cérémonies officielles.
Feux d'artifices, parade navale sur le Bosphore, démonstrations de drones dans les cieux d'Istanbul, illuminations des lieux emblématiques, de la mosquée Sainte-Sophie au site antique grec d'Ephèse et aux concrétions de Cappadoce: le programme des célébrations du centenaire n'a été dévoilé qu'à une semaine des festivités.
Dans les rues, le rouge le dispute aux portraits du fondateur de la république Mustafa Kemal Atatürk «le père des Turcs» et d'une société plus laïque. Un anniversaire paradoxal, Erdogan étant à la tête d'un mouvement qualifié d'islamo-conservateur.
Deux défilés militaires, devant l'Assemblée nationale dans la capitale et à Istanbul, seront suivis d'une parade navale sur le Bosphore. Le chef de l'Etat a prévu de prendre la parole à 19H23 - clin d'œil à l'année de la fondation de la république, 1923 - avant les feux d'artifice et les drones.
A la veille de ce rendez-vous historique, Recep Tayyip Erdogan a choisi de rejoindre le 28 octobre le grand meeting organisé par son parti, l'AKP, «en soutien à la Palestine» sur l'ancien aéroport Atatürk d'Istanbul.
Une marée humaine agitant des drapeaux turcs et palestiniens, un million et demi de personnes, a-t-il assuré, l'a écouté conspuer l'Occident, «principal coupable des massacres à Gaza», qu'il a soupçonné de vouloir créer une «atmosphère de croisade» contre les musulmans. «Vous avez pleuré les enfants tués en Ukraine, pourquoi ce silence face aux enfants tués à Gaza?», a-t-il accusé qualifiant l'Etat d'Israël «d'envahisseur et d'occupant».
Neutralité impossible
«Israël, nous vous déclarons devant le monde entier criminel de guerre», a-t-il également martelé au 22e jour des bombardements sur la bande de Gaza en représailles aux massacres de 1 400 Israéliens, majoritairement civils, perpétrés par le Hamas le 7 octobre.
Une virulence qui contraste avec sa retenue des premiers jours, alors que la Turquie venait récemment de renouer avec Israël, relève Bayram Balci, chercheur au CERI-Sciences Po à Paris.
«Sa neutralité devenait impossible en raison du positionnement traditionnel d'Ankara et de son parti, AKP, en faveur de la cause palestinienne», estime-t-il en rappelant la proximité du président avec les Frères musulmans - dont le Hamas s'est réclamé à sa création, en 2007 - et les liens historiques de la Turquie avec Jérusalem, qui fut pendant quatre siècles sous la domination de l'Empire ottoman.
Le chef de l'Etat avait également accusé Israël de «génocide» après la frappe sur un hôpital de Gaza le 17 octobre, qu'il avait aussitôt attribuée à l'armée de l'Etat hébreu, en dépit du plaidoyer des autorités israéliennes. Erdogan avait par ailleurs qualifié le 25 octobre le Hamas de «groupe de libérateurs qui protègent leur terre».