03/12/2025 ssofidelis.substack.com  10min #297956

La cybersécurité du gouvernement américain supervisée par d'anciens espions israéliens

Par  Nate Bear, le 3 décembre 2025

Une entreprise étroitement liée aux services de renseignement israéliens supervise la cybersécurité de plus de soixante-dix agences gouvernementales américaines, dont les ministères de la Défense et de la Sécurité intérieure.

Axonius a été fondée par d'anciens espions de l'unité 8200 de l'armée israélienne. Sa plateforme logicielle confère aux opérateurs  une visibilité et un contrôle absolus sur tous les types et tous dispositifs, collectant et analysant les données numériques de millions d'employés fédéraux américains.

L'objectif officiel de la plateforme Axonius est de centraliser les systèmes informatiques afin d'identifier et corriger les failles de sécurité. Cependant, en tant que produit des services de renseignement israéliens, son utilisation généralisée au sein du gouvernement américain soulève de sérieuses questions.

La société a été fondée et est actuellement dirigée par les Israéliens Dean Sysman, Ofri Shur et Avidor Bartov, tous  anciens memebres de l'unité 8200 des services secrets israéliens où ils ont se sont rencontrés dans les années 2010. Sur son profil LinkedIn, M. Sysman donne peu de détails sur leur mission au sein de l'armée israélienne, la décrivant simplement comme ayant "des implications profondes".

M. Sysman a quitté l'armée en 2014, après près de six ans de service, pour créer une entreprise de cybersécurité.  Shur et  Bartov, quant à eux, ont servi jusqu'en 2017, soit pendant la guerre d'agression menée par Israël contre Gaza en 2014, où l'armée israélienne a tué plus de deux mille civils palestiniens.

Axonius a été créée en un temps record. Après avoir quitté l'armée en 2017, Shur et Bartov ont refait équipe avec Sysman et ont immédiatement reçu 4 millions de dollars de  financement initial de Yoav Leitersdorf, un Israélo-Américain basé à San Francisco et ancien membre de l'unité 8200, pour lancer Axonius. Associé gérant de la société de capital-risque américano-israélienne YL Ventures, Leitersdorf est un investisseur de premier plan dans les start-ups cybernétiques de l'unité 8200.

La même année, Sysman, Shur et Bartov ont également reçu des millions de dollars de financement initial de la société israélienne Vertex Ventures, dirigée par des vétérans des unités d'espionnage israéliennes. Tami Bronner, associée chez Vertex, a servi quatre ans dans les services de renseignement militaire israéliens.

Après ce premier financement, la société a reçu des centaines de millions de dollars d'investissements d'un réseau de sociétés de capital-risque américaines en lien avec les services de renseignement israéliens.

Parmi ces sociétés figure Accel Partners, basée à Palo Alto, qui a investi dans plus de trente entreprises technologiques israéliennes, dont  une autre start-up  cybernétique de l'Unité 8200, Oasis.  Nir Blumberger, un Israélien et ancien membre de l'armée israélienne, a été recruté par Accel sur Facebook pour ouvrir son bureau de Tel-Aviv en 2016.

Parmi les autres sources de financement d'Axonius figure Bessemer Venture Partners, dont le siège, à San Francisco, emploie d'anciens agents des services de renseignement israéliens dans un bureau de Tel-Aviv dirigé par Adam Fisher. Émigré aux États-Unis en 1998, Fisher a servi d'intermédiaire entre les sionistes de la Silicon Valley et l'armée israélienne. Pendant le génocide, il a animé une  présentation sur des stratégies en ligne susceptibles d'aider Israël à gagner la guerre. Amit Karp, un Israélien et associé chez Bessemer Ventures, ancien agent des services de renseignement israéliens, siège au  conseil d'administration d'Axonius.

Basé à Menlo Park, Lightspeed Venture Partners a soutenu Axonius à hauteur d'environ 200 millions de dollars lors de nombreuses levées de fonds et entretient également des liens importants avec les services de renseignement israéliens. Yonit Wiseman, l'un des partenaires de Lightspeed, a travaillé  six ans dans les services de renseignement militaire israéliens avant de les quitter en 2018. Son collègue,  Tal Morgenstern, était commandant des forces spéciales dans l'armée israélienne.

À la lumière des preuves attestant qu'Axonius est bien une filiale des services de renseignement israéliens, son degré d'implantation dans la structure du gouvernement fédéral américain atteint des proportions stupéfiantes.

La  société affirme que sa plateforme est "déployée dans plus de 70 organisations fédérales" et utilisée  par quatre des cinq principales agences du ministère américain de la Défense. Le site web des marchés publics du gouvernement fédéral américain  montre que Axonius a décroché des contrats avec l'armée de terre, la marine, l'armée de l'air et le corps des Marines, soit près de 2 millions de personnes et autant de terminaux.

En novembre 2024,  le ministère de la Sécurité intérieur a fait appel à Axonius pour moderniser ses capacités en matière de cybersécurité, en centralisant

"les données provenant de centaines de sources distinctes réparties dans des dizaines d'agences fédérales, civiles et exécutives".

À peine un mois plus tard, en décembre 2024, la société  a été engagée par le ministère de la Défense pour actualiser son système de surveillance 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, lequel supervise l'ensemble des ordinateurs et réseaux informatiques du ministère, qu'ils soient sur site ou hors site. Cette activité porte le nom de "surveillance continue et analyse des risques". En avril 2025, Axonius a  obtenu l'autorisation d'utiliser son système de cybersurveillance basé sur le cloud pour l'ensemble des agences fédérales américaines.

Parmi les autres ministères fédéraux ayant intégré le logiciel d'Axonius, on compte l'Énergie, les Transports, le Trésor américain, etc.  Les données du site américain consacré aux marchés publics montrent que l'Agence logistique de la Défense américaine, chargée de gérer la chaîne d'approvisionnement mondiale en armes des États-Unis, est le plus gros client d'Axonius, avec un budget de 4,3 millions de dollars rien que pour l'année 2023. Le ministère de l'Agriculture a dépensé près de 2 millions de dollars pour ces logiciels, et le ministère de la Santé et des Services sociaux 1,3 million de dollars depuis 2021.

Axonius est généralement décrite comme une entreprise américaine. Bien que son siège social et ses fonctions administratives se trouvent à New York, ses fondateurs, ses cadres supérieurs et ses principaux financiers sont tous israéliens et, surtout, ses fonctions logicielles et d'ingénierie sont basées à Tel-Aviv. Axonius compte plus de huit cents employés, et une  recherche sur LinkedIn confirme que la majorité des ingénieurs d'Axonius à Tel-Aviv ont une expérience dans le renseignement militaire israélien.

L'argumentaire de vente du système Axonius met en avant sa capacité à centraliser en un seul point toutes les données des outils de sécurité et informatiques, facilitant ainsi l'analyse, le contrôle et les corrections. Ce lieu est Tel-Aviv, où des centaines d'anciens espions israéliens travaillant comme ingénieurs pour Axonius ont donc un accès et une visibilité sans précédent sur les activités et la localisation de millions d'employés du gouvernement fédéral américain.

Grâce à cet accès, un opérateur peut connecter des équipements à des identifiants individuels et consulter l'ensemble des données de connexion/déconnexion ainsi que l'historique de navigation des utilisateurs. Il peut également ordonner la désactivation d'un compte, la mise en quarantaine d'un appareil, ou la suppression d'un utilisateur d'un groupe.

Axonius dispose également d'une division Recherche et Développement distincte, connue sous le nom d'AxoniusX, une unité skunkworks [groupe bénéficiant d'une forte autonomie au sein d'une entreprise pour travailler sur des projets novateurs ou secrets] axée sur le développement de nouveaux outils cybernétiques et dirigée par un autre espion de l'Unité 8200,  Amit Ofer..

Après tout, peut-être que tout cela n'a plus vraiment d'importance, et qu'Axonius n'est que le reflet de la nature sordide et symbiotique de la relation entre les États-Unis et leur avant-poste colonial.

Mais cet argument serait recevable sans la longue histoire d'espionnage d'Israël aux États-Unis. Du  recrutement de producteurs hollywoodiens à la tête de sociétés écrans pour voler des technologies nucléaires à la  vente de logiciels espions à des gouvernements étrangers, l'espionnage, en particulier le cyberespionnage, a toujours été au cœur de la politique étrangère d'Israël. Robert Maxwell, le père de Ghislaine Maxwell, travaillait pour le compte des services de renseignement israéliens, et de nombreuses preuves circonstancielles  suggèrent que Jeffrey Epstein était également un agent de ces mêmes services. Plus récemment, pendant le premier mandat de Trump,  Israël a placé des dispositifs d'espionnage miniatures autour de la Maison Blanche et d'autres bâtiments gouvernementaux américains à Washington, D.C., pour surveiller les responsables américains.

Les autorités américaines ont donc permis à d'anciens espions d'un pays dont les activités d'espionnage aux États-Unis sont notoires de mettre en place une structure d'accès au renseignement cybernétique englobant la quasi-totalité de la sphère gouvernementale fédérale.

En d'autres termes, les États-Unis ont sous-traité leur infrastructure de cybersécurité fédérale aux services du renseignement israélien.

Il est impossible de savoir si Axonius a utilisé ou a l'intention d'utiliser cet accès sans précédent à des fins malveillantes. Cependant, pour quiconque connaît l'histoire de l'espionnage israélien, l'intégration de logiciels cybernétiques créés par d'anciens espions israéliens dans le réseau informatique fédéral américain devrait faire naître de sérieuses inquiétudes.

Plus largement, Axonius démontre comment un État israélien militarisé reçoit chaque année des milliards de dollars de financement américain pour développer son architecture numérique d'apartheid et de génocide, puis revend ces capacités aux États-Unis. Les contribuables américains financent donc en réalité deux fois Israël. Et lorsque les États-Unis rachètent les technologies financées à l'origine par leurs contribuables, ils s'exposent aux logiciels espions et financent au passage les criminels de guerre israéliens.

La bonne nouvelle, c'est que  des millions d'Américains ordinaires prennent conscience que l'État d'Israël n'est pas l'affaire du siècle pour les États-Unis, comme les dirigeants politiques l'ont longtemps prétendu.

L'histoire d'Axonius confirme une fois encore à quel point le partenariat entre les deux pays nuit aux intérêts américains.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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