07/11/2025 reseauinternational.net  7min #295613

La Chine établit le 25 octobre comme Jour de la récupération de Taïwan - Les analogies historiques entre Taïwan et l'Ukraine

par Jean Pégouret

Le 25 octobre vient d'être  adopté par l'Assemblée nationale populaire de la République populaire de Chine comme jour commémorant la récupération de Taïwan le 25 octobre 1945 à la suite de la capitulation du Japon à la fin de la Deuxième Guerre mondiale.

Par un hasard de l'histoire, le 25 octobre 1971, les Nations unies adoptaient la résolution 2758 qui retirait à Taïwan sa représentation de la Chine pour la confier à la seule République populaire de Chine.

Le 24 octobre, l'Association des Chinois d'Outremer pour la Paix et la réunification de la Chine a reçu le chargé d'affaires par interim SE Chen Dong lors d'un  séminaire commémorant le 80ème anniversaire de la récupération de Taïwan.

À cette occasion, lors de mon intervention en tant qu'invité français, j'ai rappelé les fondements historique, diplomatique et juridique qui confirment l'appartenance de Taïwan à la République populaire et appelé à une réunification pacifique.

J'ai aussi établi un parallèle historique entre la première administration chinoise de l'île en 1662 lors de sa libération par Koxinga et celle de l'Est de l'Ukraine en 1654 au Traité de Pereiaslav, à quelques années près.

Par la suite, l'île et la Novorossia étaient passées totalement sous administration respectivement chinoise et russe avant d'être arrachées à leur mère patrie, Taïwan en 1895 par le Japon par la force au traité de Shimonoséki, la Novorossia en 1918 lors de la création de la République d'Ukraine en marge du Traité de Brest-Litovsk à la fin de la Première Guerre mondiale dans le contexte de la guerre civile russe.

J'en conclus que la Novorossia se trouve aujourd'hui dans la même situation que Taïwan avant sa restitution à la Chine en 1945 et en miroir, que le séparatisme conduirait Taïwan au même destin funeste que l'Ukraine manipulée par des influences extérieures.

Les autorités chinoises ne peuvent se rallier à ce parallèle car dans une position légitimiste, elles reconnaissent la souveraineté internationale de l'Ukraine reconnue par l'ONU. Le faire la mettrait au ban de la communauté internationale.

Mon intervention lors de la réunion du 24 ci-dessous en présence des représentants de l'Ambassade de Chine développe mes arguments sur la légitimité de l'appartenance de Taïwan à la Chine, les risques du séparatisme et le parallèle historique entre les situations de Taïwan et de l'Ukraine.

*

Discours de Jean PEGOURET devant l'Association franco-chinoise pour la promotion de la réunification pacifique :

Taïwan 25 octobre 1945, 25 octobre 1971 - Pour une Chine unie, garante de paix et de prospérité

Monsieur le Chargé d'Affaires ad interim Chen Dong

Monsieur le président Wang Jiaqing

Mesdames et Messieurs en vos qualités et fonctions,

Chers amis,

Nous sommes réunis aujourd'hui pour commémorer deux dates fondamentales dans l'histoire de la relation entre Taïwan et la Chine, deux «25 octobre» qui scellent un même destin.

Le 25 octobre 1945 marque un jour historique : après cinquante longues années de colonisation japonaise, Taïwan retrouvait le giron de la patrie. Ce jour-là, la cérémonie de reddition à Taipei actait la fin d'une parenthèse douloureuse et le retour de l'île dans le territoire chinois, conformément aux déclarations du Caire et de Potsdam.

Puis, vint le 25 octobre 1971. L'Assemblée générale des Nations unies adoptait ce jour-là la résolution 2758, une résolution cruciale qui reconnaissait le gouvernement de la République populaire de Chine comme le seul et unique représentant de toute la Chine. Ce vote, fruit d'un large consensus international, entérinait sur la scène mondiale la souveraineté incontestable de la Chine sur Taïwan.

Deux dates, un seul principe : Taïwan est une partie inaliénable du territoire chinois.

Le fondement solide et inébranlable de la souveraineté chinoise sur Taïwan :

Certains pourraient chercher des failles dans cette histoire. Oui, l'administration directe et continue de Taïwan par la Chine a commencé sous la dynastie Qing en 1683, après la victoire de Koxinga sur les colons néerlandais. On peut, pour illustrer le principe d'intégration territoriale, faire un parallèle avec le rattachement de la Bretagne ou de la Savoie à la France.

Mais, Mesdames et messieurs, l'argument le plus solide, le plus incontestable, ne repose pas sur une simple chronologie. Il réside dans la conjonction puissante de trois principes :

  • La continuité historique d'une présence et d'une revendication chinoise.
  • Le fondement juridique : Les instruments internationaux comme la Déclaration du Caire et la Proclamation de Potsdam, qui ont spécifiquement stipulé la restitution de Taïwan à la Chine après la Seconde Guerre mondiale.
  • La reconnaissance diplomatique mondiale depuis 1945, et surtout depuis 1971, où la communauté internationale a choisi son camp en reconnaissant la République populaire de Chine comme seul représentant de la Chine.

C'est sur ce roc que s'est bâtie la légitimité de la Chine. C'est cette vérité que nul ne peut remettre en cause.

Je voudrais insister sur le fait que l'unité de la Chine, est une condition sine qua non à la paix et la prospérité, à la fois pour la Chine mais aussi pour le Monde.

Alors, pourquoi sommes-nous si fermes sur ce principe d'une Chine unie ? Parce que l'histoire récente nous offre des leçons terribles sur les conséquences du séparatisme. Regardons le Tibet et le Xinjiang !

Avant leur libération, ces terres vivaient dans l'obscurantisme féodal et l'instabilité. Aujourd'hui, en tant que régions autonomes au sein de la grande famille chinoise, elles connaissent un développement économique sans précédent, la modernisation de leurs infrastructures et une amélioration spectaculaire du niveau de vie de leurs populations.

Imaginer leur indépendance, c'est les condamner à sombrer dans le chaos, à devenir de nouveaux Afghanistan ou de nouvelles Syrie, livrées aux extrémismes et aux ingérences étrangères. Elles perdraient tout ce qu'elles ont gagné.

Parallèles entre Taïwan et la Novorossia en Ukraine :

L'histoire nous livre parfois des résonances frappantes entre des situations géopolitiques distinctes. Prenons le cas de Taïwan et celui de l'Ukraine orientale - non pour établir un parallèle direct entre leurs statuts actuels, mais pour comprendre la profondeur des liens historiques et culturels.

Lorsque Taïwan fut réintégrée à la sphère de gouvernance chinoise par Koxinga en 1662, avant son incorporation pleine et entière à l'empire Qing peu après, presqu'à la même époque, en 1654, l'hetmanat cosaque de Pereïaslav choisissait de se rattacher à l'empire russe, achevant son intégration complète en 1775.

Dans les deux cas, nous voyons se construire sur la durée une communauté de destin :

Une intégration politique et administrative progressive

Un enrichissement culturel et économique mutuel

L'émergence de populations unies par des valeurs communes, attachées aux traditions - confucianisme à Taïwan, orthodoxie en Ukraine -, au respect de la famille et des ainés, esprit industrieux.

L'arrachement des régions de Novorossia à leur matrice russe en 1918 pour être artificiellement rattachée à l'Ukraine rappelle douloureusement l'annexion forcée de Taïwan par le Japon en 1895. Dans les deux cas, on assiste à une coupure brutale d'avec la mère-patrie historique.

Aujourd'hui, nous voyons les conséquences tragiques de cette séparation en Ukraine : un pays déchiré, instrumentalisé par des puissances étrangères, dont la population souffre d'avoir été coupée de ses racines naturelles.

Taïwan, détenteur de la culture chinoise millénaire, suivrait le même chemin funeste si elle se laissait définitivement arracher à sa souche chinoise. Un modèle politique importé, qui renie ses racines, ne mènerait qu'à l'instabilité et au conflit.

Face à une telle menace pour sa sécurité et son intégrité territoriale, pour le bien-être même des compatriotes taïwanais, la mère-patrie n'aurait alors pas d'autre choix que de venir en secours à ses enfants, pour préserver cette unité nationale qui seule garantit la paix et la prospérité de tous.

Mes chers amis, l'unité de la Chine n'est pas une option, c'est une nécessité vitale.

Une Chine unie, prospère et stable, dont Taïwan, le Tibet, le Xinjiang, Hong Kong et Macao sont des parties intégrantes et harmonieuses, est une chance pour son peuple et une contribution majeure à la paix mondiale.

Œuvrons ensemble, par le dialogue et dans la paix, pour que cette unité, gage de notre prospérité commune, se renforce de jour en jour.

Je vous remercie.

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