22/02/2024 francesoir.fr  4min #243406

 Mer Rouge : l'Ue annonce une mission «défensive» contre les attaques des Houthis

L'Ue annonce son opération Aspidès en mer Rouge contre les Houthis

France-Soir

Attaque du tanker britannique "Merlin Luanda" dans le golfe d'Aden à la fin janvier 2024.

Indian Ministry of Defence / AFP

MONDE - L'Union européenne (UE) se joint aux États-Unis en mer Rouge. Bruxelles a annoncé lundi 19 février 2024 le lancement de son opération navale visant à sécuriser le trafic maritime. L'opération est surnommée Aspidès (boucliers en grec ancien, NDLR) et se veut "défensive", par opposition à la Prosperity Guardian (Gardien de la prospérité), coalition créée et menée depuis décembre 2023 par Washington. L'UE se décide après deux mois de tractations entre ses États membres, marqués par une recrudescence des attaques houthies depuis le Yémen contre des navires marchands.

Le mouvement houthi, groupe armé rebelle chiite qui contrôle une grande partie du territoire yéménite, mène depuis octobre, et deux semaines après le début de la guerre à Gaza, des attaques contre les navires transitant par la mer Rouge, l'autoroute maritime qui relie la mer Méditerranée à l'océan Indien, par laquelle transitent 40 % du commerce mondial.

Une opération défensive

Les Houthis ont affirmé avoir ciblé en premier les navires supposés être liés à Israël. Mais leurs attaques se sont généralisées contre les navires militaires et commerciaux, y compris des pétroliers, perturbant le commerce mondial. Face à ces offensives, les Etats-Unis ont mis en place en décembre une alliance multinationale, Prosperity Guardian, à laquelle s'est joint le Royaume-Uni avec son destroyer HMS Diamond. En réponse, le porte-parole des rebelles houthis, Yahya Sarea, réaffirme sa détermination à poursuivre les attaques. "Les actions militaires visant à protéger les navires israéliens ne nous empêcheront pas d'accomplir notre devoir religieux, moral et humanitaire en faveur des opprimés de Palestine", a-t-il déclaré.

D'ailleurs, les navires de guerre US et britanniques ont subi en janvier une importante attaque, la 26e depuis octobre : 18 drones et trois missiles tirés depuis le territoire yéménite. La coalition menée par les USA peine à sécuriser le trafic maritime, malgré des frappes répétées depuis janvier. Les dernières attaques houthies remontent au lundi 19 février 2024, lorsqu'un navire britannique, le Rubymar", a été ciblé par des missiles navals.

Le même jour, l'Union Européenne a annoncé son opération en mer Rouge, qu'elle évoque depuis décembre, peu après la mise en place de la coalition menée par Washington. Aspidès a pris du retard en raison de la réticence espagnole. Madrid a en effet refusé d'élargir son opération navale Atalante, menée contre la piraterie dans le golfe d'Aden et l'océan Indien, ne désirant pas s'aligner sur la politique étrangère américaine, jugée pro-israélienne.

Aspidès se veut ainsi défensive pour se différencier de l'opération Gardien de la prospérité. Cela signifie que l'UE ne procédera pas à des frappes sur le territoire yéménite et s'engagera uniquement à protéger les bâtiments de guerre européens ainsi que les navires marchands. Néanmoins, cette opération devrait se coordonner avec l'alliance menée par les USA. "L'Europe va assurer la liberté de navigation en mer Rouge, en coordination avec nos partenaires internationaux", 𝕏 confirme la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

La France présente, l'Egypte suffoque

Le commandement général de l'opération sera dirigé par l'Italie tandis que la Grèce se charge du commandement opérationnel en mer. Aspidès sera initialement dotée de quatre navires : italien, grec, allemand et français, avant la mobilisation prochaine d'un navire belge. La France, qui met à la disposition de l'UE la frégate multi-missions (FREMM) Languedoc, est présente en mer Rouge sous commandement national depuis décembre 2023. Dans la nuit du lundi 19 au mardi 20 février, ses navires ont détruit deux drones.

L'opération Aspidès est prévue pour une durée d'un an, potentiellement renouvelable. Son lancement n'interviendra pas avant "quelques semaines", le temps de disposer de "ressources suffisantes".

Bruxelles annonce son engagement en mer Rouge au moment où les revenus du canal de Suez sont en net recul ces derniers mois. Le président égyptien, Abdel Fattah al-Sissi, a fait savoir lundi que la "baisse est de l'ordre de 40 à 50 %". De nombreux armateurs préfèrent depuis le début de l'année contourner l'Afrique et suspendre le transit de leurs navires par la mer Rouge et le canal de Suez, où passe habituellement 12 à 15 % du trafic mondial et qui constitue l'une des principales sources de devises pour Le Caire : près de 10 milliards de dollars par an.

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