De la vision de la sexualité infantile selon Alfred Kinsey à l'eugénisme transhumaniste, en passant par la pédophilie, le film «EVARS: que veulent-ils vraiment?» interroge les fondements de ce programme d'éducation sexuelle à l'école.
Depuis la rentrée de septembre 2025, le programme « Éducation à la Vie Affective, Relationnelle et Sexuelle» (EVARS) a été introduit dans les collèges et lycées français, tandis que sa version édulcorée (EVAR) a fait son entrée dans les écoles maternelles et élémentaires.
En Belgique, un programme au nom similaire, l'EVRAS, existe depuis 2012 dans les établissements scolaires de la Fédération Wallonie-Bruxelles et s'est généralisé à tout le pays en 2023.
Pour mieux comprendre d'où sortent ces programmes et l'idéologie inquiétante qui se cache derrière, le film « EVARS, que veulent-ils vraiment?» nous propose une plongée en eaux troubles et profondes.
Histoire d'une imposture
Ce documentaire de 57 minutes, produit par le collectif Réinfo Liberté Oise, s'appuie essentiellement sur le texte « Histoire de l'imposture des droits sexuels et de l'éducation à la sexualité», un travail de recherches réalisé par un groupe de psychologues et pédopsychiatres, publié en 2018.
Le film se découpe en quatre parties. La première nous emmène à la source des théories sur la sexualité, à travers un long portrait du biologiste américain Alfred Kinsey. L'homme est connu pour avoir publié, à la fin des années 1940 et au début des années 1950, deux études sur le comportement sexuel de l'homme, puis de la femme. Selon les données rassemblées par Kinsey, l'adultère, la masturbation, l'homosexualité, la bisexualité, la prostitution ou encore les pratiques sadomasochistes seraient monnaie plus courante qu'on ne le croit.
Les résultats de son travail, pourtant rapidement critiqués en raison de la non représentativité de l'échantillon de population étudié, ont fait exploser les tabous liés à la sexualité adulte et sont toujours une référence en la matière. Kinsey lui-même avait une sexualité hors norme et un goût prononcé pour les pratiques mutilantes, selon son biographe James H. Jones.
Les méthodes très douteuses de Kinsey
Loin d'en rester aux adultes, Alfred Kinsey s'est ensuite attaqué à la sexualité infantile, avec une méthodologie encore plus floue et douteuse, pour ne pas dire immorale. Personne ne sait, par exemple, comment il a obtenu ses données concernant les orgasmes chez les nourrissons et les très jeunes enfants. À partir de quelles stimulations? Pire, Kinsey se serait nourri, pour son étude, des expériences rapportées par des pédophiles avec lesquels il était en lien.
En parallèle, le biologiste aurait également participé à des programmes de recherche menés au sein des unités psychiatriques de deux hôpitaux: le Greystone Park State Hospital du New Jersey et le Rockland State Hospital de New York. Le programme Greystone consistait notamment à étudier le comportement sexuel de 95 patientes (sans âge précisé), avant et après leur lobotomie.
Le film note qu'à la même époque, Kinsey et son institut, financé par la Fondation Rockefeller, travaillait en relation avec l'Allan Memorial Institute de Montréal au Canada, également financé par la Fondation Rockefeller et dirigé par le psychiatre Donald Ewen Cameron. Les méthodes brutales employées par ce dernier et ses expériences visant à déconstruire et reprogrammer l'esprit de ses patients feront qu'il sera recruté par la CIA, de 1957 à 1963, pour participer à l'un des sous-projets du programme secret MK Ultra, consacré au contrôle mental des populations.
Planning familial, éducation à la sexualité et droits sexuels
Alfred Kinsey, lui, mourra en 1956. Mais son institut lui survivra. Selon les résultats de ses travaux, l'enfant est un être sexualisé, pouvant ressentir du plaisir, notamment à travers ses contacts avec les adultes. Partant de là, l'idée de l'éduquer à la sexualité est apparue.
Wardell Pomery, l'un des principaux collaborateurs de Kinsey, participera ainsi à la création du SIECUS (Sexuality information and education council of the United States), fondé en 1964 par le Planning familial américain et financé, une fois encore, par la Fondation Rockefeller.
Dès lors, l'héritage de Kinsey va servir à développer des programmes d'éducation sexuelle dans les écoles, que ce soit sous forme de cours ou de manuels. L'impulsion militante du Planning familial américain aboutira également, en 2008, à la « Déclaration des droits sexuels» par la Fédération internationale du Planning familial (IPPF).
Manipulation rhétorique autour de la notion de consentement
«Droits sexuels»? «Santé sexuelle»? Que recouvrent ces termes omniprésents dans le texte? Analysant différents passages de la déclaration, le film s'interroge et souligne la manière insidieuse avec laquelle la notion de consentement s'y oppose à la notion de violence ou de coercition. La logique rhétorique sous-jacente est: s'il n'y a pas de violence, ni de coercition, alors il y a consentement. Or, la majorité des abus sexuels sur enfants se font par séduction de l'adulte.
Cette déclaration, ainsi que les recommandations du SIECUS et celles d'autres associations militantes européennes, serviront de base à la rédaction des « Standards pour l'éducation sexuelle en Europe», publiés en 2010 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Ce document est véritablement l'ancêtre du programme EVARS. Le film y dénonce de nombreuses zones d'ombre et l'utilisation d'une technique de manipulation très ancienne, celle du cheval de Troie. Le principe: noyer une ou des recommandations douteuses au milieu d'une flopée de recommandations inoffensives, que l'on ne peut qu'approuver. L'esprit critique baisse la garde et les recommandations douteuses passent comme une lettre à la poste.
Un étrange glissement vers l'émancipation de l'enfant
Pour les auteurs du film, la même technique est à l'œuvre dans le programme EVARS. Le cheval de Troie? Toujours cette notion de consentement, que l'enfant doit définir lui-même selon une sensation de plaisir ou de déplaisir (est-ce agréable ou désagréable? si c'est désagréable, j'ai le droit de dire non). Alors qu'il serait plus simple et plus clair, insiste le film, de dire que la sexualité est interdite entre un adulte et un enfant, au moins jusqu'à sa majorité sexuelle (aptitude à consentir) qui est fixée en France à l'âge de 15 ans.
Autre cheval de Troie décelé par les auteurs: l'émancipation de l'enfant. Derrière ses recommandations, EVARS ne cherche pas à protéger les enfants, mais à protéger leurs droits sexuels. Selon les promoteurs du programme, les enfants sont «des sujets de droit autonomes, des citoyens à part entière», donc libres de leurs choix. Exit l'autorité parentale.
Contraception, stérilisation, sexualité non reproductive: Le Meilleur des mondes?
In fine, le film se demande si le but ultime de cette idéologie ne serait pas d'éliminer les parents, la famille et de créer une société où la sexualité aurait perdu toute fonction reproductive. Une société qui ressemblerait à celle décrite par Aldous Huxley dans Le Meilleur des mondes, où les enfants sont conçus artificiellement in vitro, élevés en couveuse et éduqués par l'État. Et où la sexualité n'est plus qu'une activité de loisir à partenaires multiples, pratiquée dès le plus jeune âge.
Puisque les termes «droits sexuels» et «santé sexuelle» ne sont jamais clairement définis dans les textes, les auteurs osent une spéculation: les droits sexuels seraient-ils finalement le droit de ne pas se reproduire? Et la santé sexuelle serait-elle synonyme de stérilisation? La promotion de la contraception, y compris définitive (comme la vasectomie), ne serait-elle pas le reflet de cette volonté?
Poussant au bout sa réflexion, le film en vient à faire le lien avec cette forme d'eugénisme moderne et sophistiqué que l'on appelle transhumanisme. D'un côté, une hyperclasse dominante, aux capacités physiques augmentées et tendant vers la vie éternelle; de l'autre, la masse des inutiles, contrôlée, stérilisée et à l'espérance de vie réduite. Une utopie/dystopie qui pourrait devenir réalité.
Film déconseillé aux moins de 16 ans, durée 57 minutes, 2025, France.
Pour aller plus loin:
Les collectifs Parents en colère se sont engagés dès 2024 pour agir contre les séances EVARS dans les établissements scolaires, en envoyant notamment, avec 80 cosignataires, un courrier de rappel à la loi à tous les établissements français. Pour la rentrée 2025, ils ont mis des documents à la disposition des parents pour leur permettre de refuser que leur(s) enfant(s) assiste(nt) à ces séances (courrier de refus parental + avis d'engagement de responsabilité du chef d'établissement). Ils ont également mandaté l'avocate Virginie de Araujo-Recchia pour rédiger des recours en cas de difficulté avec le chef d'établissement (recours pour excès de pouvoir + référé-suspension). Contact : parentsencolere.fr
De son côté, le collectif Renaissance Famille Éducation a déjà proposé plusieurs conférences sur l'EVARS. La prochaine sera avec Maître Virginie de Araujo-Recchia, avocate au barreau de Paris, présidente d' ONEST, le 12 novembre 2025 à 20h à Paris: Quels sont les recours juridiques des parents face à EVARS? Une autre conférence, programmée le 11 mars 2026, est à noter, puisqu'elle traitera de l'un des sujets abordés par le film ci-dessus: «À qui appartiennent les enfants: à la famille ou à l'État? Famille et subsidiarité». Calendrier des conférences: ici . Accessibles en ligne sur demande du lien auprès de l'association. Pour s'inscrire: contact@rfeducation.fr
« Les conséquences psychologiques de l'EVARS sur nos enfants » - Dr Ariane Bilheran:
4 parties: resituer son travail - les origines de l'Evars - les conséquences psychologiques sur les enfants - quelle prévention pour protéger au mieux les enfants.
Collectifs :
En France
Parents en colère
Sos Education
Les Mamans Louves
En Suisse
Collectif parents suisses
L'association pour une approche mesurée des questionnements de genre chez les jeunes
En Belgique
Innocence en danger
Sauvons nos enfants
L'Observatoire de la petite sirène