08/05/2025 2 articles ssofidelis.substack.com  8min #277239

 Israël reprend son agression contre Gaza et rompt le cessez-le-feu

Israël bombarde le dernier restaurant de Gaza City - une nuit cauchemardesque

Par  Rasha Abou Jalal, le 8 mai 2025

Israël a promis cette semaine d'intensifier son offensive déjà meurtrière contre Gaza, approuvant des plans pour s'emparer de toute la bande de Gaza et s'y installer pour de bon. Aujourd'hui, au moins 92 Palestiniens ont été tués dans une série de frappes aériennes israéliennes dans l'enclave, dont des femmes, des enfants et deux journalistes.

Parmi les attaques les plus brutales, une triple frappe aérienne a visé un restaurant bondé et un marché adjacent dans la ville de Gaza, tuant au moins 33 personnes.

Comme la plupart des journalistes de Gaza, Rasha Abou Jalal venait souvent au Thai Restaurant pour utiliser la connexion internet et recharger son matériel. Elle a rapporté ce récit poignant sur les lieux de l'attaque.

-Sharif Abdel Kouddous

Gaza City - Mercredi après-midi, deux frappes aériennes israéliennes ont touché le Thai Restaurant, le dernier restaurant encore ouvert à Gaza City, faisant d'un lieu de rassemblement autrefois animé en scène d'horreur. Une troisième frappe, presque simultanée, a touché un marché bondé à proximité, dans la rue al-Wahda, projetant des fragments de corps dans tous les sens.

Au moins 33 Palestiniens ont été tués et près de 90 blessés dans les trois raids aériens, selon le ministère de la Santé, mais le bilan réel est probablement plus lourd. La plupart des morts et des blessés étaient des clients venus prendre une boisson chaude à l'intérieur, ou des gens venus chercher de quoi manger au marché, alors que le blocus total asphyxie Gaza depuis plus de deux mois.

De ces jours meurtriers, mercredi a été un des plus sanglant. Plus tôt dans la semaine, Israël a promis d'intensifier ses attaques déjà brutales. Au moins 92 personnes ont été tuées aujourd'hui à Gaza, pour la plupart des femmes et des enfants, a déclaré Ismail Al-Thawabteh, directeur général du Bureau des médias du gouvernement à Gaza, à Drop Site.

La scène à l'intérieur du restaurant après l'attaque était cauchemardesque. Les clients gisaient à terre, baignant dans leur sang. Des morceaux de pizza étaient éparpillés sur les tables et par terre. Sous le choc, j'ai d'abord cru que les taches rouges par terre étaient du ketchup, mais c'était du sang. Il y avait du sang partout.

Avant la guerre, ce restaurant était un lieu emblématique de la ville de Gaza, très fréquenté et proposant des plats thaïlandais, des shawarmas et du poulet grillé. Détruit pendant la campagne de bombardements intensifs d'Israël, le restaurant a été reconstruit pendant le bref cessez-le-feu qui a pris effet en janvier, offrant aux Palestiniens une lueur d'espoir et un retour à une certaine normalité.

Après le blocus total imposé par Israël le 2 mars, la plupart des restaurants ont finalement été contraints de fermer. Le Thai Restaurant a réussi à rester ouvert, servant uniquement des boissons chaudes et des parts de pizza.

Au fil des semaines, le restaurant est devenu un lieu de rassemblement populaire pour les journalistes toujours en quête d'une source d'électricité pour recharger leurs téléphones et leur matériel, et d'une connexion internet fiable pour envoyer leurs articles.

Je venais au restaurant au moins deux fois par semaine avec mon ordinateur portable et je m'asseyais à une table pour finir mes articles, pour rapporter au monde le génocide en cours contre mon peuple. J'y suis allée il y a deux jours. Je pensais que c'était un endroit sûr, mais sur cette terre mortelle, il n'y a de sécurité nulle part.

Lorsque les bombes ont explosé mercredi, Abeer Sabri et son amie étaient assises à une table au milieu du restaurant. Les deux femmes profitaient de quelques instants loin de leur quotidien de guerre et de blocus, où elles passent des heures à faire la queue pour s'approvisionner en eau ou à allumer un feu pour préparer une soupe claire à leurs enfants.

"Je n'avais pas vu mon amie depuis plus d'un an et demi, à cause de la guerre et des déplacements répétés, et c'est ce qui nous a décidé à nous retrouver ici, au restaurant thaï", raconte Abeer, 28 ans, encore sous le choc et peinant à reprendre son souffle. "Nous avons commandé deux tasses de café, nous étions en train de rire ensemble, puis tout a basculé".

Elle était encore choquée au moment de raconter les faits et avait du mal à respirer.

"Une forte explosion a secoué la salle. J'ai eu la tête qui tournait et j'ai fermé les yeux", raconte-t-elle. "Quand je les ai rouverts, je trempais dans une mare de sang. Ce n'était ni le mien ni celui de mon amie, mais celui des autres clients. Je n'arrivais pas y croire. Comment avais-je pu survivre ?"

Parmi les morts, il y avait un jeune garçon qui servait le café aux clients. Je le voyais chaque fois que je venais ici. Je revois encore son sourire.

Le journaliste Yahya Sobeih a également été tué. Il faisait partie des journalistes qui fréquentaient régulièrement le Thai Restaurant. Quelques heures avant sa mort, il a vu naître sa fille. Il a partagé une photo sur Instagram où il la tient dans ses bras, la nommant sa "petite princesse" en légende. Il ne pouvait pas se douter que ce serait la dernière fois qu'il la serrerait dans ses bras. Lorsque sa femme a appris la mort de son mari, elle s'est effondrée et a basculé dans un état second, perdant conscience par intermittence.

Soheil Amer, un ami proche de Sobeih, a dit qu'il a passé toute la guerre à rapporter les événements pour plusieurs médias. Sobeih s'intéressait particulièrement aux histoires des personnes déplacées et publiait son travail sur les  réseaux sociaux. "La mort de Yahya m'a profondément choqué", a déclaré Amer.

Au lendemain de l'attaque, le chef cuisinier du restaurant, Abu Saleh Abdo, avait du mal à croire qu'il a survécu au massacre.

"Combien de temps allons-nous continuer à mourir ainsi chaque jour ? Les enfants, les femmes, les anciens, même les animaux n'ont pas été épargnés par les tueries. Il n'y avait pas de combattants ici, juste des clients et quelques familles qui tentent de raviver des bribes de leur vie passée. Quel crime ont-ils commis pour être bombardés ainsi ? C'est de la barbarie pure et simple", a-t-il déclaré.

"Il n'y a plus aucun espoir de survie. Si vous ne mourez pas sous les bombes, vous mourez de faim ou de maladie. Cette guerre doit s'arrêter, et vite".

À côté du restaurant thaïlandais, dans le marché où la troisième frappe aérienne a fait mouche, le spectacle était encore plus horrible. Il y avait des corps éparpillés sur le sol. Trois membres d'une même famille - un père, une mère et leur enfant - gisaient morts dans une mare de sang. De nombreux vendeurs ambulants ont été tués, leurs étals détruits. Les restes des clients venus chercher de quoi nourrir leurs enfants étaient éparpillés un peu partout.

Dans la maison de Nahid Qanoua, 16 ans, tué sur le marché, sa mère était submergée de chagrin et de sanglots. Les larmes coulaient sur son visage tandis qu'elle embrassait son front une dernière fois avant que son corps ne soit emporté pour être enterré. J'ai essayé de la réconforter en lui témoignant mon soutien.

"Il a fêté son anniversaire hier", m'a-t-elle dit. "Aujourd'hui, il avait mis ses plus beaux vêtements pour aller au marché chercher de quoi manger. Quel crime a-t-il commis pour mourir ainsi ?"

Le journaliste Yahya Sobeih berçant sa fille nouveau-née quelques heures avant d'être tué dans une frappe aérienne sur le restaurant Thai à Gaza. 7 mai 2025. (Photo : capture d'écran Instagram @yahyasobeih)

Les massacres de mercredi se sont produits alors que Gaza est soumise à un blocus impitoyable. La famine sévit. Les réserves de farine sont épuisées. Les entrepôts alimentaires sont vides. La plupart des soupes populaires ont fermé leurs portes, faute de produits de base comme les haricots et le riz.

Les attaques se poursuivent. Les bombes tombent un peu partout, tous les jours. À Gaza, les Palestiniens plusieurs fois déplacés sont bombardés dans les abris. Mercredi, deux écoles hébergeant des familles déplacées ont été bombardées dans la ville de Gaza, l'une dans le nord et l'autre à al-Bureij, dans le centre de Gaza. Les frappes ont tué 49 personnes, dont un autre journaliste, Nour Al-Din Abdo.

Restaurants, soupes populaires, écoles, abris et tentes, tout est détruit. Selon Al-Thawabteh, au moins 235 écoles et abris ont été bombardés :

"Cela traduit clairement l'intention d'Israël de faire le plus grand nombre possible de victimes parmi les civils déplacés. C'est un crime de guerre à part entière, et la poursuite du génocide perpétré contre notre peuple", a-t-il déclaré.

Al-Thawabteh tient l'administration américaine pour responsable des massacres en cours, l'accusant de fournir un soutien militaire, politique et financier illimité au gouvernement israélien. Il a appelé la communauté internationale à agir immédiatement pour mettre fin à ces crimes, protéger les civils et traduire Israël devant les tribunaux internationaux. Pendant ce temps, l'armée israélienne poursuit ses bombardements incessants sur Gaza.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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La journaliste Rasha Abou Jalal raconte les scènes horribles d'un massacre dans un restaurant très apprécié et un marché rempli de monde, détruits par une triple frappe aérienne israélienne dans la ville de Gaza.

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