01/08/2024 investigaction.net  13min #253911

 Assassinat d'Ismail Haniyeh

Israël bombarde Beyrouth et assassine Ismaïl Haniyeh à Téhéran

Maureen C. Murphy

Très tôt, ce mercredi, le Hamas a annoncé qu'Ismail Haniyeh, le chef de l'aile politique de sa faction palestinienne, avait été assassiné à Téhéran, où il était présent pour l'investiture du nouveau président iranien.

L'assassinat, perpétré en Iran, marque une escalade majeure qui aura probablement des ramifications régionales, et il a eu lieu quelques heures après qu'Israël a bombardé le Liban, mardi soir, tuant trois civils, ont rapporté les médias nationaux libanais. Israël a prétendu avoir tué au cours de cette frappe une importante personnalité du Hezbollah, mais l'organisation de résistance libanaise n'a toujours pas émis de déclaration à ce propos au moment de la publication.

Depuis octobre, Israël a tué un grand nombre de membres représentant plusieurs générations de la famille d'Ismail Haniyeh à Gaza. Avant Haniyeh, plusieurs dirigeants du Hamas ont été assassinés par Israël. Tous ont été remplacés et ces assassinats n'ont en aucun cas empêché le développement des capacités de l'organisation.

En janvier, lors d'une frappe à Beyrouth,  Saleh al-Arouri, le chef adjoint du bureau politique du Hamas, était tué en même temps que plusieurs autres cadres et commandants de l'organisation.

Voici quinze jours, Israël a prétendu avoir tué Muhammad Deif, le chef très secret de l'aile armée du Hamas, au cours d'une frappe à Gaza qui a également tué au moins 90 Palestiniens dans une zone qu'il avait unilatéralement déclarée « zone humanitaire ».

Mardi, Israël a poursuivi ses attaques aériennes, terrestres et maritimes un peu partout à Gaza en même temps que se déroulaient d'intenses combats et incursions terrestres.

Le ministère palestinien de la santé à Gaza a déclaré mardi que 37 personnes avaient été tuées lors d'attaques israéliennes ces dernières 24 heures, portant le nombre de morts à 39 400 depuis le début octobre.

Le nombre réel de victimes est sans doute bien plus élevé, vu les milliers de personnes manquantes sous les décombres ou dont les corps n'ont toujours pas été retrouvés dans les rues de Gaza.

Mardi, à la suite d'une incursion de huit jours qui a engendré de nouveaux déplacements forcés en masse, l'armée israélienne s'est retirée de la partie orientale de Khan Younis, la plus grande ville du sud de Gaza.

Les Palestiniens sont retournés à Khan Younis pour découvrir les preuves de ce que le bureau des médias gouvernementaux a qualifié de « massacres horribles », pour lesquels il a exigé des comptes à l'échelle internationale.

« Les sauveteurs et les civils palestiniens ont ramassé des cadavres dans les rues de la zone abandonnée, et les ont transportés vers les morgues, emballés dans des tapis, à bord de voitures ou de charrettes tractées par des ânes », a rapporté Reuters.

Le bureau des médias gouvernementaux a déclaré que les corps de 255 personnes avaient été retrouvés et que plus d'une trentaine d'autres avaient été portées manquantes.

Durant l'incursion, l'armée israélienne a tiré sur 31 maisons dont les habitants étaient à l'intérieur ainsi que sur plus de 300 autres maisons et immeubles résidentiels.

L'armée a également 𝕏 nivelé le cimetière de Bani Suheila et ses environs à la périphérie orientale de Khan Younis.

Israël donne des ordres d'évacuation à quasi-totalité de Gaza

Entre-temps, Israël a émis de nouveaux ordres de déplacement forcé à al-Bureij, dans la partie centrale de Gaza,

« tout en lançant des frappes en guise de préparation évidente d'un nouveau raid »,a encore rapporté Reuters.
« Des paramédicaux ont déclaré qu'une frappe de l'aviation israélienne à al-Nuseirat, tout près de là, avait tué 10 Palestiniens au moment où ils s'enfuyaient de Bureij, ce mardi, et une autre frappe a tué quatre autres Palestiniens à Bureij même », a ajouté l'agence d'information.

Plus de 85 pour 100 du territoire de Gaza est sous un prétendu ordre d'évacuation israélien, a déclaré lundi l'agence de l'ONU pour les réfugiés de Palestine (UNRWA).

Mais il n'y a pas d'endroit sûr où se rendre ni aucune garantie de protection pour les civils qui choisissent de rester ou sont incapables d'évacuer les zones désignées.

Les déplacements répétés compliquent également les choses pour les organisations, déjà aux prises avec le blocus quasi total imposé par Israël, alors qu'elles tentent de fournir de l'aide et des services aux personnes forcées de quitter leurs foyers sans quasiment rien emporter.

Des Palestiniens de retour dans la partie centrale de Khan Younis, dans le sud de la bande de Gaza, après que les forces israéliennes se sont retirées le 30 juillet. (Photo : Omar Ashtawy / APA images)

Le ministère palestinien de la santé à Gaza a déclaré qu'il n'était plus en mesure de remettre en état de fonctionnement l'Hôpital européen de Gaza à Khan Younis après l'émission par Israël d'un ordre d'évacuation le 27 juillet.

La Défense civile palestinienne a mis en garde contre le danger de voir le surpeuplement parmi les personnes déplacées de Gaza, qui ne disposent pas d'un accès facile à l'eau et à des installations sanitaires, déboucher sur la prolifération des maladies, dont l'apparition de conditions pouvant affecter le tissu cutané des enfants.

Début juillet, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait enregistré près d'un million de cas d'infections respiratoires aiguës, alors que d'autres maladies, comme la diarrhée, la jaunisse aiguë et des cas possibles d'oreillons et de méningite, ainsi que la gale et les poux, des démangeaisons cutanées et la varicelle, se répandent parmi la population.

L'agence de la santé de l'ONU a fait savoir mardi qu'il était très probable que la polio ait infecté des Palestiniens à Gaza après que le ministère de la santé du territoire avait déclaré lundi qu'une épidémie de polio sévissait dans toute l'enclave côtière.

La détection du virus dans des échantillons d'eaux usées collectés à Gaza représente une « régression » face aux efforts en vue d'éradiquer la maladie au niveau mondial, a déclaré mardi Cµhristian Lindmeier, un haut responsable de l'OMS.

Al Mezan, une organisation palestinienne de défense des droits humains implantée à Gaza, a prévenu que plus d'un million d'enfants du territoire « risquaient de mourir s'ils n'étaient pas vaccinés » contre ce virus hautement infectieux.

« Pour empêcher des milliers de morts, la communauté internationale doit faire en sorte qu'Israël mette immédiatement un terme au génocide, et en même temps qu'il cesse d'instrumentaliser en ce sens l'eau et les installations d'assainissement », a ajouté l'organisation de défense des droits.

Selon l'OMS, la maladie affecte surtout les enfants de moins de 5. ans et une infection sur deux cents « se traduit par une paralysie irréversible ».

Entre 5 et 10 pour 100 des sujets paralysés meurent « une fois que leurs muscles respiratoires sont immobilisés ».

L'effondrement des systèmes essentiels

Avec l'effondrement du système de traitement des déchets solides à Gaza, les conditions sont optimales pour la propagation désastreuse de maladies transmises par contamination, telles que la polio et l'hépatite A - quelque 40 000 cas de cette dernière ont été diagnostiqués depuis octobre.

La campagne militaire israélienne à Gaza a entraîné une chute des taux de vaccination contre la polio dans l'enclave, qui sont passés de 99 pour 100 à 89, selon un porte-parole de l'UNICEF. Le directeur de l'OMS a annoncé que celle-ci allait envoyer incessamment plus d'un million de vaccins contre la polio à Gaza afin de les administrer aux enfants « dans les toutes prochaines semaines », a rapporté UN News.

Les virus, « transmis d'une personne à l'autre, se propagent surtout par voie féco-orale », met en garde l'OMS, et moins fréquemment via de la nourriture ou de l'eau contaminées.

Le virus « peut apparaître dans des zones où une pauvre couverture de vaccination permet à la forme affaiblie de la souche virale du vaccin administré par voie orale de muter en une version plus puissante », a ajouté UN News.

Le poliovirus de type 2 dérivé d'un vaccin « avait été identifié en six endroits dans des échantillons d'eaux usées collectés le mois dernier à Khan Younis et Deir al-Balah - deux villes de Gaza laissées en ruine après dix mois d'intenses bombardements israéliens ».

La propagation de la maladie et de l'épidémie est un résultat prévisible de la campagne militaire génocidaire d'Israël, sinon de ses intentions en ce sens.

Dans un autre cas encore où les soldats israéliens ont détruit des infrastructures civiles sans le moindre but militaire, on les a vus récemment dynamiter le « puits du Canada », le principal site d'approvisionnement en eau de Rafah, dans le sud de l'enclave.

Lundi, le journal de Tel-Aviv, Haaretz, rapportait que les installations « avaient été détruites la semaine dernière avec l'approbation de l'officier commandant les soldats (...) mais pas celle des officiers supérieurs ».

Mais faire peser le blâme sur les simples soldats peut constituer une tentative de décourager la curiosité des tribunaux internationaux envers le personnel militaire de haut rang, alors que le modèle de comportement sur le terrain indique que les troupes reçoivent l'ordre de détruire les infrastructures civiles essentielles sans le moindre but militaire à la clef, ce qui constitue un 𝕏 crime de guerre.

Younis Tirawi, qui écrit pour  Dropsite News, a raconté que Giora Eiland, un conseiller du ministre israélien de la défense Yoav Gallant, avait décrit en octobre dernier une stratégie destinée à détruire la capacité des Palestiniens à Gaza de pomper et de purifier l'eau dans l'enclave.

Monther Shoblak, le responsable de la distribution d'eau à Gaza, a expliqué à Tirawi que le site du puits du Canada avait continué de fonctionner jusqu'au moment de l'invasion terrestre d'Israël au début mai, puisque des panneaux solaires lui permettaient de fonctionner bien qu'Israël ait coupé la fourniture d'électricité au territoire en octobre.

Israël a détruit 30 réservoirs d'eau dans le sud au cours de ce seul mois et les personnes déplacées ont été obligées de se réfugier dans des conditions de surpeuplement sans la moindre infrastructure hygiénique convenable ni le moindre accès à de l'eau potable, du carburant, de la nourriture et des médicaments en quantités suffisantes.

L'ONG caritative internationale Oxfam a déclaré un peu plus tôt ce mois qu' « Israël avait endommagé ou détruit cinq sites de distribution et d'assainissement de l'eau tous les trois jours depuis le début de cette guerre », réduisant la quantité d'eau disponible à Gaza de 94 pour 100 et la ramenant ainsi à 4,74 litres par personne à peine, c'est-à-dire moins que le contenu d'une chasse de WC ».

Israël attaque Beyrouth

Israël a bombardé le sud de Beyrouth, ce mardi, et son armée a prétendu qu'elle visait Fuad Shukr, un haut commandant du Hezbollah. Israël a dit que Shukr avait été tué mais les médias en langue arabe ont déclaré qu'en fait, son sort était toujours inconnu mardi soir.

La zone autour du Conseil de la Choura du Hezbollah, dans le quartier de Haret Hreik de la capitale libanaise a été touchée elle aussi, a rapporté l'agence nationale d'information du pays.

Le ministère de la santé du Liban a déclaré qu'𝕏 une femme et deux en𝕏 fants avaient été tués, « bien que les recherches en vue de retrouver d'autres personnes manquantes dans les décombres se soient poursuivies ».

La frappe contre Beyrouth a𝕏 abattu complètement un immeuble résidentiel et l'ampleur des destructions peut avoir eu pour but de renforcer les menaces proférées par les dirigeants israéliens d'infliger la même violence génocidaire au Liban qu'à Gaza.

La frappe contre Beyrouth ce mardi consistait en des « représailles » attendues de la part de Tel-Aviv après que, samedi, un projectile avait tué 12 enfants sur un terrain de sport à Majdal Shams,une ville des hauteurs syriennes du Golan occupées par Israël.

Israël en avait accusé le Hezbollah, mais l'organisation libanaise de résistance avait nié avoir eu la moindre connexion avec la déflagration meurtrière.

Yoav Gallant, le ministre israélien de la défense, a accusé le Hezbollah d'avoir franchi une ligne rouge, mais il est hautement improbable que l'organisation de résistance libanaise ait délibérément ciblé Majdal Shams.

Un bâtiment ciblé par une frappe israélienne dans le faubourg sud de Beyrouth, le 30 juillet. (Photo : Bilal Jawich / Xinhua News Agency)

Amal Saad, une spécialiste du Hezbollah, a expliqué que, depuis le 8 octobre, l'organisation « s'est abstenue de cibler des civils israéliens, et encore moins des Druzes syriens ».

« L'important soutien au mouvement de résistance parmi cette communauté, qui vit sous occupation israélienne, fait qu'il est illogique que le Hezbollah se risque à frapper dans ces parages », a-t-elle ajouté.

Viser des civils, qu'ils soient syriens ou israéliens, « ne rapporterait pas grand-chose au Hezbollah sur le plan stratégique, alors que cela déboucherait inévitablement sur une guerre totale - une guerre que le Hezbollah a été très soucieux d'éviter comme l'ont montré ses ripostes mitigées aux frappes israéliennes sur Beyrouth et sur des civils » au Liban, estime Amal Saad.

Et d'ajouter que l'organisation a prudemment choisi « d'éviter de donner à Israël le moindre prétexte d'entrer en guerre » mais« on s'attend totalement à ce qu'Israël exploite la tragédie » afin de détourner l'attention de ses massacres quotidiens d'enfants palestiniens à Gaza.

Pas « une seule goutte de sang »

Les habitants de Majdal Shams ont scandé 𝕏 « assassin, assassin » à l'adresse du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ce lundi, quand il a tenté de visiter le site de la frappe meurtrière.

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Les Syriens, qui viennent de subir ce massacre sans précédent à Majdal Shams, ont sorti une déclaration dans laquelle ils refusent « qu'une seule goutte de sang soit versée au nom de représailles pour nos enfants ».

Après les morts de Majdal Shams, les médias israéliens ont rapporté que Netanyahou avait annulé la sortie d'environ 150 enfants de Gaza pour des traitements médicaux aux Émirats arabes unis « par crainte de réactions négatives du public », a déclaré l'organisation des droits humains Gisha.

Dimanche, en réponse à une requête émanant d'organisations des droits humains, la haute cour d'Israël a ordonné au gouvernement « de l'informer de ses progrès en vue de la mise en place d'un mécanisme permanent en vue de l'évacuation médicale des Gazaouis malades et blessés », a rapporté The Times of Israel.

Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur de l'OMS, a annoncé que « 85 personnes malades et grièvement blessées », dont 35 enfants, avaient été évacuées mardi de Gaza vers Abu Dhabi pour des soins spécialisés.

« C'est la plus importante évacuation médicale depuis octobre 2023 », a-t-il dit, ajoutant que "63 membres de la famille et thérapeutes accompagnaient les patients ».

Le Centre palestinien pour les droits humains (CPDH) a déclaré dimanche que "la fermeture actuelle des passages de Gaza, empêchant tout transfert de cas urgents et vitaux, montre clairement l'engagement israélien dans un génocide contre le peuple de Gaza ».

« Ceux qui n'ont pas été tués par la machine de guerre d'Israël ne sont pas épargnés par le siège total et la fermeture complète de Gaza par Israël », a ajouté l'organisation de défense des droits, « abandonnant ainsi des milliers de blessés et de malades à une mort certaine ».

La mort est à tout le moins garantie par « la destruction délibérée par Israël du système des soins de santé et l'affaiblissement de ses toutes dernières ressources vitales », a déclaré le CPDH.

Quelque 14 000 patients malades et blessés, dont une grande partie d'enfants et de personnes âgées, requièrent des soins qui ne sont pas disponibles à Gaza.

Le CPDH estime que des centaines de personnes malades sont déjà mortes en raison de l'absence d'accès à des traitements médicaux, mais il n'y a « pas de statistiques disponibles, à ce propos, en raison des perturbations dans le monitoring médical officiel et les systèmes de documentation ».

Source:  electronic intifada

 investigaction.net

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