13/12/2023 mondialisation.ca  7min #239117

Gaza et Jénine bombardées alors que Netanyahou se prépare à une « guerre possible » avec l'Autorité palestinienne

Par  Middle East Eye

L'Assemblée générale des Nations unies s'apprête à voter une résolution sur le cessez-le-feu, alors que la distribution de l'aide dans la bande de Gaza est pratiquement interrompue.

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Les frappes aériennes israéliennes ont tué des dizaines de Palestiniens à Gaza et en Cisjordanie mardi, alors que l'ONU a dénoncé les dernières attaques israéliennes "inadmissibles" contre des travailleurs de la santé et que l'Assemblée générale de l'ONU s'apprête à voter une nouvelle résolution de cessez-le-feu.

Des avions de chasse ont bombardé des maisons à Khan Younis et Rafah aux premières heures de la matinée, tuant des dizaines de civils.

Parmi les victimes, Abeer Harb, une jeune femme de Gaza qui a perdu son fiancé, Ismael Dwaik, lors de frappes aériennes israéliennes il y a plus d'un an.

À l'époque, cette jeune femme de 25 ans avait  déclaré à  Middle East Eye qu'elle avait promis à Dwaik, avant son enterrement, qu'elle "n'épouserait personne d'autre et qu'elle attendrait que notre fête de mariage soit célébrée au paradis".

Les dernières frappes ont porté le nombre de morts à plus de 18 400, dont la plupart sont des enfants et des femmes, a déclaré le ministère de la Santé.

Plus de 50 000 personnes ont été blessées, et des milliers d'autres portées disparues ou considérées comme mortes sous les décombres.

Pendant ce temps, de violents affrontements entre les troupes terrestres israéliennes et les combattants palestiniens se poursuivent dans l'enclave palestinienne, en particulier à l'est de la ville de Gaza et à Khan Younis.

Les Brigades Izz al-Din al-Qassam, la branche armée du Hamas, ont déclaré que leurs combattants avaient détruit plusieurs chars et tué au moins 11 soldats israéliens lors de combats rapprochés dans le quartier de Shejaiya, l'un des principaux bastions du groupe.

Middle East Eye n'a pas pu vérifier de manière indépendante les affirmations du Hamas ou de l'armée israélienne.

L'armée israélienne a annoncé dans la matinée la mort d'un réserviste blessé lors des combats à Gaza le mois dernier, ce qui porte à plus de 105 le nombre de soldats tués depuis le début de l'invasion terrestre.

L'armée a ajouté que ses forces avaient détruit plusieurs lance-roquettes du Hamas, trouvé des armes et tué au moins trois combattants du Hamas dans la ville de Gaza.

En Cisjordanie, l'armée a lancé  un raid de grande envergure sur la ville de Jénineet son camp de réfugiés.

Selon le ministère palestinien de la Santé, au moins six Palestiniens ont été tués au cours de cette incursion, dont un garçon de 13 ans que les forces israéliennes ont empêché de se rendre à l'hôpital.

Quatre des personnes tuées ont été touchées par une frappe de drone. Israël a déclaré qu'il visait des personnes affiliées à des groupes armés. Des témoins ont déclaré que les hommes n'étaient pas armés.

"Nous nous sommes précipités sur le site de l'explosion et avons trouvé tous les jeunes hommes au sol, en sang. Trois d'entre eux étaient morts et les autres étaient gravement blessés", a déclaré à MEE Yacoub Abdullah, un habitant de Jénine.

Netanyahou parle de guerre avec l'Autorité Palestinienne

Dans le cadre de l'escalade à Gaza et en Cisjordanie, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a adressé des critiques cinglantes à l'encontre de l'Autorité palestinienne.

Dans 𝕏 une déclaration enregistrée et publiée sur X, M. Netanyahu a déclaré qu'il ne laisserait pas Israël répéter "l'erreur" des accords d'Oslo ni faire de Gaza un "Hamastan ou Fatahstan".

Auparavant, il avait été cité par le radiodiffuseur public israélien comme ayant déclaré qu'Israël se préparait à une éventuelle guerre avec l'Autorité palestinienne en Cisjordanie.

"Il n'est pas possible qu'après l'énorme sacrifice de nos citoyens et de nos combattants, nous laissions entrer à Gaza ceux qui enseignent la terreur, soutiennent la terreur et financent la terreur", a-t-il déclaré.

Hussein al-Sheikh, un haut responsable de l'Autorité palestinienne et du Fatah, a déclaré que les remarques de M. Netanyahu "confirment sa guerre contre tous les Palestiniens".

"Nous disons à Netanyahou qu'Oslo est mort sous ses chars qui écument nos villes, nos villages et nos camps, de Jénine à Rafah", a posté M. al-Sheikh sur X.

Les commentaires de M. Netnayhu semblaient porter sur ce qu'il a appelé les "désaccords" avec les États-Unis au sujet des plans d'après-guerre.

Le président américain Joe Biden a fait allusion lundi à ses divergences avec M. Netanyahu.

S'exprimant lors d'une réception organisée à la Maison Blanche à l'occasion de la fête juive de Hanoukka, il a déclaré avoir écrit un jour à M. Netanyahou qu'il l'aimait bien, "mais je ne suis pas d'accord avec tout ce que vous dites".

"C'est à peu près pareile aujourd'hui", a ajouté M. Biden.

"Oui, il y a désaccord lorsqu'il s'agit du ‘jour après le Hamas' et j'espère que nous parviendrons à un accord sur ce point également", a déclaré M. Netanyahu mardi.

L'aide humanitaire "en grande partie bloquée"

À Gaza, la situation humanitaire continue de se détériorer.

Après plusieurs jours de siège, les forces israéliennes ont investi l'hôpital Kamal Adwan, dans le nord de la bande de Gaza, mardi, selon le ministère palestinien de la santé.

Le personnel médical, dont le directeur de l'hôpital, le Dr Ahmed al-Kahlot, a été arrêté pour interrogatoire.

Le Dr Kahlot avait déclaré auparavant avoir 12 enfants en soins intensifs, six bébés prématurés, 100 membres du personnel médical et 3 000 personnes déplacées à l'intérieur de l'hôpital.

Par ailleurs, l'𝕏 Organisation mondiale de la santé a déclaré qu'une mission visant à apporter une aide médicale et à évacuer des personnes gravement malades il y a quelques jours avait été interrompue par des contrôles prolongés des forces israéliennes, entraînant la mort d'un patient.

Selon l'OMS, les ambulanciers palestiniens ont été brièvement détenus et interrogés, et l'un d'entre eux contraint de s'agenouiller sous la menace d'une arme.

"L'obstruction visant les ambulances, et les attaques contre les travailleurs humanitaires et sanitaires sont inadmissibles", a déclaré l'agence des Nations unies.

Dans une déclaration séparée, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) a averti que la distribution de l'aide était "globalement suspendue" en dehors du gouvernorat de Rafah.

"Un cessez-le-feu humanitaire est nécessaire, et de toute urgence", a 𝕏 déclaré OCHA.

Résolution de l'ONU sur le cessez-le-feu

Alors que les appels à la désescalade se multiplient, l'Assemblée générale des Nations unies devait voter une résolution sur le cessez-le-feu plus tard dans la journée de mardi.

Ce vote intervient après que le veto des États-Unis a bloqué une résolution similaire au Conseil de sécurité des Nations unies vendredi dernier.

Les résolutions de l'Assemblée générale, qui compte 193 membres, ne sont pas contraignantes, mais le vote, qui devrait être largement en faveur d'un cessez-le-feu, renforcera la pression politique sur Israël et son principal allié, les États-Unis.

Par ailleurs, l'attaque par le groupe Houthi d'un chimiquier israélien battant pavillon norvégien a ravivé l'inquiétude quant à la liberté de navigation en mer Rouge.

Le groupe yéménite a promis de bloquer tout navire à destination d'Israël si l'aide n'est pas autorisée à entrer dans la bande de Gaza.

Article original en anglais :

 middleeasteye.net

Traduction : Spirit of Free Speech

La source originale de cet article est  Middle East Eye

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