
© RIA NOVOSTI Source: Sputnik
Sergueï Lavrov s'exprime au Conseil de la Fédération, le 10 décembre 2025.
Devant la chambre haute du Parlement russe, le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a dénoncé l'aveuglement stratégique de l'Europe, le rôle destructeur de l'Occident dans le conflit ukrainien et a souligné la volonté de Moscou de défendre ses intérêts par tous les moyens.
Devant les sénateurs russes réunis au Conseil de la Fédération, Sergueï Lavrov a dressé ce 10 décembre un panorama clair et direct de la politique étrangère de la Russie. Il a affirmé que le cap diplomatique de la Russie « ne fait l'objet d'aucune révision » et repose sur la défense des intérêts nationaux ainsi que sur le développement de partenariats égalitaires. Il a dénoncé les multiples provocations venues de l'Occident, notamment sur la scène ukrainienne.
Sergueï Lavrov a réaffirmé le rôle central du partenariat stratégique avec la Chine, qu'il a qualifié de « facteur essentiel de stabilité mondiale ». Il a également salué l'aide de la Corée du Nord pour la libération de la région de Koursk. Sur le plan multilatéral, Moscou reste engagé dans la création d'un ordre international multipolaire, rejetant les pratiques occidentales « néocoloniales ».
Il a par ailleurs souligné l'importance de renforcer les liens avec les pays d'Afrique, annonçant la tenue de la deuxième conférence ministérielle Russie-Afrique. Le ministre russe a aussi évoqué le rôle de la diplomatie culturelle, en saluant le succès du concours musical « Intervision », que la Russie souhaite rendre annuel. Sur le volet arctique, il a dénoncé l'« ukrainisation » du Conseil de l'Arctique et a réaffirmé la volonté de Moscou de maintenir cette structure malgré les blocages occidentaux.
Ukraine, Europe et États-Unis : la ligne rouge est tracée
Sergueï Lavrov a accusé les pays européens de saboter activement tout processus de paix en Ukraine, en « incitant volontairement les autorités de Kiev à poursuivre le conflit jusqu'au dernier Ukrainien ». Il a déclaré que cette stratégie s'explique aujourd'hui non seulement par une hostilité idéologique, mais aussi par des motivations économiques, l'Europe étant à court de moyens pour financer ce conflit : « En dehors de piller la Russie en confisquant ses réserves, ils n'ont plus d'autres sources de financement ». Il a jugé cette expropriation contraire à toutes les normes du droit international.
Le chef de la diplomatie russe a déclaré que Moscou « ne souhaite pas la guerre avec l'Europe », mais qu'elle répondra immédiatement à toute provocation militaire, notamment le déploiement de troupes occidentales en Ukraine. « Cette réponse est déjà prête », a-t-il précisé. Il a dénoncé l'aveuglement des élites européennes, incapables d'accepter une victoire russe : « Ils refusent de reconnaître la réalité et continuent de s'accrocher à des illusions sans avenir. »
Le ministre a aussi évoqué la situation à l'ONU, accusant l'organisation de fonctionner « à sens unique » sous l'influence des États occidentaux, et a exigé un rééquilibrage. Il a également dénoncé la russophobie systémique en Europe, rappelant que « ni Sputnik ni RT ne recevaient d'accréditation à l'Élysée, bien avant les événements en Ukraine », ajoutant qu'ils ont été longtemps considérés comme de la « propagande ».
En élargissant ses critiques, Sergueï Lavrov a dénoncé la montée d'une russophobie agressive en Finlande et a mis en garde les responsables allemands contre la volonté de remilitarisation, en les appelant à se souvenir des « pages sombres de l'Histoire ».
Dialogue avec Washington malgré les sanctions
Concernant les États-Unis, Sergueï Lavrov a souligné que le président Donald Trump, contrairement à ses homologues occidentaux, montre une certaine volonté de dialogue. « Trump est le seul dirigeant occidental à reconnaître les causes profondes du conflit ukrainien », a-t-il indiqué. Il a rappelé la visite récente du représentant spécial de la Maison Blanche, Steve Witkoff, porteur de propositions américaines prévoyant notamment le respect des droits des minorités nationales et des libertés religieuses en Ukraine. Le ministre russe a confirmé qu'un accord avait été trouvé pour poursuivre les discussions bilatérales.
S'agissant des sanctions, il a regretté que « Trump ne cherche pas à lever les mesures punitives contre la Russie, mais les renforce », tout en rappelant que Moscou a été exclue du système du dollar, ce qui a contraint le pays à développer des alternatives financières avec les BRICS. Il a souligné que cette exclusion n'est pas un choix russe, mais une décision imposée par l'Occident. Il a affirmé que le dollar, pourtant conçu comme un bien commun, est devenu une arme de chantage politique.
Il a également dénoncé le blocage des réformes du FMI, de la Banque mondiale et de l'OMC par les États-Unis, appelant à adapter ces institutions aux réalités du monde multipolaire. Dans ce même esprit, Sergueï Lavrov a rappelé que la Russie et ses partenaires poussent à l'ONU pour faire du 14 décembre la Journée internationale de lutte contre le colonialisme.