© Bertrand GUAY Source: AFP
Jean-Luc Mélenchon, au centre, avec à sa droite la militante franco-palestinienne Rima Hassan lors d'une réunion publique pour les européennes le 16 mars 2024.
«L'université est le lieu de la pensée. Quelle tristesse de voir des présidents d'université s'attaquer à ce monument du savoir». Au cours d'une réunion publique le 17 avril, l'ancien candidat à la présidentielle et fondateur des Insoumis Jean-Luc Mélenchon est revenu sur l'interdiction qui lui avait été notifiée quelques heures plus tôt par la faculté de Lille de l'annulation d'une conférence qu'il devait y tenir.
C'est en compagnie d'une des candidates de la liste LFI aux élections européennes, Rima Hassan, qu'il devait parler de questions palestiniennes.
Ceux qui ont fait pression contre nous sont terrifiés par notre force. Notre pays pourrit de l’intérieur par la violence qu’il répand parmi les siens.
«Y a-t-il encore dans ce pays un garant des règles démocratiques ?»
L'interdiction a été justifiée par la présence d'une association étudiante, Libre Palestine, dont le logo figurait sur l'affiche présentant l'événement. Celle-ci est accusée par ses détracteurs de «nier l'existence de l'État d'Israël».
Dans son communiqué publié le 17 avril, la faculté de la ville du Nord estime que «les conditions ne sont plus réunies pour garantir la sérénité des débats» et justifie ainsi de «ne plus autoriser» cette conférence.
Les élus de La France insoumise se sont agacés de voir cette conférence annulée, à l'image de leur coordinateur national Manuel Bompard qui s'est interrogé sur X (ex-Twitter) : «Y a-t-il encore dans ce pays un garant des règles démocratiques ?» L'élu insoumis a mis en parallèle l'interdiction de la conférence et l'utilisation des moyens de la présidence de la République pour «soutenir une liste aux européennes».
Ce 18 avril au matin, Jean-Luc Mélenchon a finalement annoncé que 𝕏 la conférence se déroulerait en ligne sur les réseaux sociaux et plateformes vidéos de La France insoumise.
Mais on peut utiliser le compte officiel de l’Elysée pour soutenir une liste aux européennes.
Y’a t-il encore dans ce pays un garant des règles démocratiques ?
Votez le 9 juin !
Il est illégal de prononcer un discours de campagne via les canaux de diffusion institutionnels. Cette promotion de la candidate Renew est inacceptable.
Les moyens de l’État ne sont pas des prébendes pour le clan Macron !
Rares soutiens à gauche, le RN et LR satisfaits de l'annulation
Parmi les détracteurs de la conférence se trouvait le président LR des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, qui avait dénoncé sa tenue 𝕏 dès le 15 avril. Se félicitant de l'annulation de ce 𝕏 qu'il qualifie de «meeting politique, déguisé en conférence aux relents antisionistes», il a par ailleurs pris à partie le fondateur de LFI ce 18 avril 𝕏 sur BFMTV : «Jean-Luc Mélenchon a basculé depuis longtemps, je suis un républicain, il ne l'est plus.» Le 𝕏 syndicat UNI local, une organisation étudiante proche des Républicains, s'est par ailleurs félicité de cette annulation.
Côté Rassemblement national, le député et vice-président de l'Assemblée nationale 𝕏 Sébastien Chenu a salué la décision sur ses réseaux sociaux en écrivant simplement «Victoire». 𝕏 Dès le 15 avril, il avait aussi demandé l'annulation de cet événement.
À gauche, l'écologiste 𝕏 Sandrine Rousseau, issue du monde universitaire, s'est étonnée de cette annulation, s'interrogeant : «Si les universités ne sont plus les lieux du débat, où ceux-ci auront-ils lieu ?» Elle est une des seules personnalités de gauche non insoumise a avoir évoqué le sujet.
De leur côté, les socialistes s'étaient accrochés avec La France insoumise, alors que le député 𝕏 Jérôme Guedj critiquait le logo «Palestine libre» de l'association qui englobe Israël. Ce dernier a cependant affirmé qu'il n'était pas favorable à l'annulation de la conférence.
Mon problème, c’est le signal que vous envoyez avec le logo « Palestine libre » englobant Israël
Si je diffusais un logo « Grand Israël », ignorant la Palestine, vous auriez raison de me tomber dessus. Je défends 2 États
Cette polémique fait écho à la tentative d'interdiction de la conférence bruxelloise où se rendaient plusieurs personnalités, mais cette fois de droite, les 16 et 17 avril. Parmi elles : le Premier ministre hongrois Viktor Orban, l'élu britannique artisan du Brexit Nigel Farage et le candidat à la présidentielle française de 2022 Éric Zemmour.