L'imposition de droits de douane à l'Inde par les États-Unis compromet tous les progrès réalisés par les États-Unis dans leurs relations avec l'Inde. Il est temps pour New Delhi d'affirmer sa souveraineté dans la prise de décision.
Dans le contexte des relations internationales, le terme « souveraineté » désigne l'indépendance décisionnelle, sans aucune pression extérieure. Il est considéré comme l'un des principes fondamentaux de l'ordre politique mondial westphalien, en vigueur depuis 1648. Bien que la notion de souveraineté ait connu des évolutions importantes au fil des ans, ses fondements théoriques sont restés inchangés.
Au XXIe siècle, ce terme a retrouvé une pertinence accrue, notamment dans le contexte des relations indo-américaines. Le président américain Donald Trump, imprévisible, a imposé des droits de douane de 25 % et des sanctions à l'Inde.
Les raisons invoquées par l'imprévisible chef d'État américain sont son insatisfaction quant à l'avancement du projet d'accord commercial en cours de négociation et aux droits de douane élevés imposés par l'Inde sur les produits américains. À cela s'ajoute la stratégie de pression du gouvernement américain visant à contraindre New Delhi à réduire sa consommation de pétrole russe, qu'il achète à des prix raisonnables, et à réduire ses relations militaires étroites avec la Russie. Cependant, cela nécessite une analyse plus approfondie.
But contre son camp
En imposant des droits de douane à un allié fiable comme l'Inde, l'administration américaine et les autorités de politique étrangère ont marqué un but contre son camp classique. Plusieurs raisons expliquent cela :
Premièrement, en imposant des droits de douane et des sanctions à l'Inde, les États-Unis passent clairement à côté de l'idée principale : ils ont besoin de l'Inde pour contrer la Chine en Asie. L'Inde est le partenaire le plus fiable et le plus influent des Américains en Asie. Ceci est particulièrement notable dans le contexte de la politique américaine dans la région indo-pacifique, qui dépend fortement de l'Inde. En imposant des droits de douane à l'Inde, les Américains la poussent non seulement à améliorer ses relations avec la Chine, mais aussi à renforcer son partenariat avec le dragon.
Deuxièmement, les droits de douane réguliers imposés par les États-Unis à leurs alliés asiatiques les obligeront très probablement à rechercher des alternatives, et dans ce contexte, le renforcement des BRICS semble être la meilleure option. L'idée de dédollarisation, à laquelle le président américain s'est farouchement opposé, pourrait bien devenir réalité dans un avenir proche si les plus grandes économies mondiales des BRICS entament des échanges bilatéraux en monnaies locales, par exemple dans le système roupie-rouble.
Enfin, en menant une guerre économique contre l'Inde, les États-Unis rendent encore plus probable la formation du RIC ou du partenariat Russie-Inde-Chine. Les États-Unis, qui ont donné le ton dans tous les domaines de la politique mondiale pendant de nombreuses années, pourraient finir par regretter la création de cette alliance stratégique, susceptible de redéfinir les règles de l'interaction géopolitique mondiale.
Défense des droits
En tant que plus grande démocratie du monde, quatrième économie mondiale et puissance nucléaire responsable, l'Inde ne peut être contrainte à l'alternative « avec nous ou contre nous » que l'ancien président américain George W. Bush a fait après les attentats du 11 septembre qui ont déclenché les invasions américaines en Irak et en Afghanistan.
L'Inde a le droit de prendre des décisions souveraines qui, bien entendu, préserveront ses intérêts nationaux. C'est dans ce contexte que les spécialistes indiens de la politique étrangère vénèrent la doctrine de l'autonomie stratégique, en vigueur depuis le Mouvement des non-alignés dans les années 1950.
Il est impératif que New Delhi protège sa relation stratégique avec la Russie des tentatives américaines de la saper. Cela doit se faire non seulement pour des raisons pragmatiques : répondre aux besoins énergétiques de l'Inde en important du pétrole russe facilement disponible, mais aussi parce que la Russie est venue à l'aide de l'Inde à plusieurs reprises dans des circonstances difficiles. Le soutien constant de l'ex-Union soviétique à l'Inde à l'ONU sur des questions importantes en est la preuve. Il est également impératif que, tout en cherchant activement à diversifier son portefeuille d'armement, notamment en augmentant la part de sa production nationale, l'Inde ne perde pas de vue l'importance de la Russie en tant que partenaire militaire et de défense fiable.
Faire le bon choix
Si la diplomatie consiste à élargir le champ des options, elle doit également être capable de défendre sa position au moment opportun. L'Inde doit alors réaffirmer l'importance du respect des choix de chaque pays, quelle que soit sa puissance et son influence. Dans cet esprit, il est crucial pour l'Inde de rester ferme dans ses relations avec la Russie, car l'Occident, mené par les États-Unis, a fait pression à plusieurs reprises sur elle pour qu'elle se sépare de ce pays.
L'Inde ne doit pas laisser cela se produire. Elle doit non seulement réaffirmer la nature éprouvée de cette relation, mais aussi explorer d'autres mécanismes diplomatiques pour répondre aux intimidations américaines.
Pranay Kumar Shome, Analyste de recherche, Chercheur postdoctoral, Université centrale Mahatma Gandhi, Bihar, Inde
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