France-Soir
Une employée de Volvic au travail sur le site de l'entreprise dans le Puy-de-Dôme, le 5 mai 2021.
© Thierry ZOCCOLAN / AFP/Archives
Trois associations écologistes ont saisi la justice administrative pour contester un arrêté préfectoral daté du 28 avril 2025, jugé trop permissif envers Danone, propriétaire de la marque Volvic. Le texte accorde un accès démesuré à la ressource en eau du Puy-de-Dôme, et pendant que les lignes d'embouteillage tournent à plein régime, les ruisseaux s'amenuisent.
L'usine, implantée à quelques kilomètres de sources naturelles exsangues, produit jusqu'à 4 millions de bouteilles par jour. « S'il y avait des poissons, leur nageoire dorsale sortirait de l'eau », ironise Christian Amblard, ex-directeur de recherches au CNRS, aujourd'hui vice-président de l'association Preva. Avec France Nature Environnement et Auvergne Nature Environnement, il dénonce un modèle destructeur pour les milieux aquatiques. Selon eux, la récente baisse de 5 % des prélèvements autorisés est un « effet cosmétique » sans effet réel, car Danone pompe déjà en dessous du plafond fixé. Pire encore, aucune étude d'impact préalable n'a été menée avant d'autoriser l'agrandissement des installations de pompage. Reporterre, qui a révélé l'affaire, souligne aussi l'absence de transparence de l'État sur ces arbitrages.
Tout ceci est dû à une gestion de la ressource à rebours des priorités fixées par la loi : l'eau potable et les écosystèmes devraient passer avant les intérêts commerciaux. « Environ 54 % de l'eau est utilisée pour l'eau potable, 26 % pour l'embouteillage, et seulement 20 % pour les milieux naturels, contre 42 % il y a dix ans », alerte Sylvie de Larouzière, présidente de Preva. L'État, de son côté, minimise en affirmant respecter les priorités d'usage. Danone, lui, vante des engagements environnementaux à l'horizon 2027, sans convaincre les défenseurs de la biodiversité.
Ce que réclament les associations n'est pas une rustine réglementaire, mais un changement de paradigme. « On ne peut pas laisser des ruisseaux mourir pour remplir des bouteilles en plastique exportées à l'autre bout du pays », résume Amblard. C'est clair comme de l'eau...