Je ne suis pas controversé, donc ça me convient très bien.− Le président Donald Trump
Par James Howard Kunstler - Le 17 novembre 2025 - Source Clusterfuck Nation
N'est-il pas évident ce qui est au cœur du psychodrame Jeffrey Epstein ? Le pays est à l'agonie, rongé par le secret officiel, les dissimulations, les opérations secrètes, les obstructions et les jeux politiques sans fin consistant à cacher des saucisses, surtout lorsque ces saucisses sont dirigées vers l'arrière-train de la République. La pire victime des abus sexuels est l'Amérique elle-même. Quelqu'un peut-il mettre fin à tout cela ?
Et ainsi, au cours du week-end, le psychodrame s'est transformé en feuilleton télévisé lorsque le président Trump et la députée Marjorie Taylor Green ont joué leur querelle d'amoureux sur toutes les chaînes d'information et de potins publiques, jusqu'à ce que M. Trump finisse par sortir l'un de ses coups de jiu-jitsu caractéristiques et cède à toute cette pression implacable pour divulguer les dossiers Epstein.
Ce que le public veut vraiment, c'est savoir quelles célébrités, politiques ou autres, ont eu des relations sexuelles avec des mineures afin que ces célébrités puissent être chassées de la vie publique. Il est difficile de ne pas sympathiser avec ce souhait. Il est fondamental que les pervers et les dégénérés ne méritent pas la confiance du public. Les personnes qui ne sont pas perverses ou dégénérées dans ce pays aspirent au rétablissement d'un comportement décent, et l'indécence sexuelle n'est que la forme la plus criarde de dépravation. Au-delà de cela se trouve le monde obscur de l'escroquerie, du racket, de la sédition et de la trahison, qui sont au cœur de la tragédie du déclin de l'empire qui se joue depuis une décennie. Et les personnes non dépravées aspirent également à aller au fond des choses.
Ils ne se soucient que de manière indirecte du fait que Jeffrey Epstein était une sorte d'agent ou d'intermédiaire pour les services d'espionnage américains, britanniques et israéliens, même si cela aide à colorer entre les lignes de toutes ces autres affaires louches. Il a négocié de nombreuses magouilles dès l'opération Iran-Contra dans les années 1980 - de gros contrats d'armement, etc. - et a été pendant un certain temps le champion mondial du blanchiment d'argent pour les gangs de renseignement de tous bords. Le trafic de jeunes filles faisait apparemment partie du lot. Mais les agences de renseignement utilisent toujours des femmes comme appât (et parfois aussi des garçons), et le proxénétisme d'Epstein n'était qu'un service supplémentaire standard. Qu'il ait goûté à son propre produit n'a pas vraiment d'importance.
Quoi qu'il en soit, tout ce que l'on sait à ce jour suggère que Donald Trump ne s'est pas soumis à un chantage sexuel et que, bien avant d'entrer en politique, il a probablement coopéré avec les forces de l'ordre pour faire emprisonner Jeffrey Epstein une première fois. C'est bien sûr pendant le premier mandat de M. Trump, en 2019, qu'Epstein s'est retrouvé derrière les barreaux où, d'après ce que le public a appris, il a décidé de mettre fin à ses jours.
La vie après la mort de Jeffrey Epstein a été remarquablement longue ici même, sur la planète Terre, où il bénéficie aujourd'hui d'une attention plus grande encore que Sidney Sweeney. Il est plus vivant à nos yeux que n'importe quelle incarnation de Dracula conjurée par Hollywood et il suce le sang de ce qui reste d'un système politique autrefois viable. Qu'est-ce qui a empêché la divulgation de toutes ces preuves accumulées sur les exactions d'Epstein ? Christopher Wray les a-t-il enfouies dans les oubliettes ? Y avait-il des caméras cachées dans ses différents logements ou non ? Comment est-il possible qu'aucun enregistrement vidéo n'ait survécu ?
Nous sommes toujours perplexes face à la manœuvre de diversion de Pam Bondi en février dernier, lorsqu'elle a distribué à certains journalistes des dossiers contenant de vieilles coupures de presse sur Epstein au lieu de leur fournir des informations récentes et substantielles provenant des archives du FBI. Et depuis lors, la résistance du ministère de la Justice n'a fait que se durcir. Selon certaines rumeurs récentes, la chef de cabinet du président, Susie Wiles, aurait agi pour empêcher la divulgation complète des informations sur Epstein. Quoi qu'il en soit, cela va à l'encontre de la « transparence » promise par M. Trump, et toutes les manœuvres autour de cette promesse non tenue ont fini par constituer un sérieux handicap politique.
Dimanche soir, M. Trump s'est écarté de la scène dans l'une de ses habituelles déclarations sur Truth Social. Ne serait-il pas préférable qu'il s'assoie simplement devant les caméras pour prononcer un discours depuis le Bureau ovale afin de dire la vérité au peuple américain, en révélant tout ce qu'il sait et ce que les gens ont besoin de savoir sur cette affaire Epstein qui n'en finit pas ? Pourquoi attendre que tous les nouveaux dossiers (s'il y en a) soient triés ? M. Trump a eu de nombreuses années pour se familiariser avec les détails saillants de l'affaire Epstein. Il doit savoir exactement ce que ce type faisait et à qui il rendait service en tant que figure mondiale de la finance et trafiquant de jeunes filles auprès de l'élite politique. Qu'est-ce qui pourrait encore choquer quelqu'un à ce stade ?
M. Trump devrait prononcer ce discours, que la Chambre des représentants et le Sénat votent ou non la divulgation des dossiers du ministère de la Justice. Avant tout, vous comprenez certainement que le pays ne peut plus supporter les mensonges, en particulier ceux de Donald Trump et de son entourage. Les dommages institutionnels sont tout simplement trop graves.

James Howard Kunstler
Pour lui, les choses sont claires, le monde actuel se termine et un nouveau arrive. Il ne dépend que de nous de le construire ou de le subir mais il faut d'abord faire notre deuil de ces pensées magiques qui font monter les statistiques jusqu'au ciel.
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone